Damas / Le président Bachar al-Assad a affirmé que la Russie, l’Iran et le Hezbollah étaient venus en Syrie pour la soutenir dans la lutte contre le terrorisme, tandis que la Coalition conduite par les Etats-Unis, interviennent en Syrie pour y soutenir les terroristes.
Dans un entretien qu’il a accordé au journal russe “Komsomolskaya Pravda”, le président al-Assad a indiqué que ce qui se passe en Syrie est plus d’une guerre froide et moins d’une guerre effective, faisant savoir que l’Occident, notamment les Etats-Unis, n’avait pas arrêté sa guerre froide, même après la dislocation de l’Union soviétique.
A la question de savoir pourquoi la Syrie est devenue la scène de la guerre, le président al-Assad a répondu : ” Quant au conflit régional, la destruction de la Syrie, qui a de bonnes relations avec l’Iran, influerait négativement sur ce pays. En outre, l’Occident tente de porter atteinte à la position de la Syrie afin d’influer négativement sur la Russie. La Syrie a joué un rôle historique dans la région pendant des siècles. La Syrie était une cible car elle était l’axe du dynamisme géopolitique au Moyen-Orient. Donc, la prise du contrôle de la Syrie, bien qu’elle soit petite, est très importante en vue de dominer la région entière”.
Et le président al-Assad de poursuivre : “L’Occident n’admet aucun pays indépendant, que ce soit la Syrie, qui est un petit pays, ou la Russie en tant que force de grande puissance”.
A la question de savoir si la guerre en Syrie est devenue un conflit direct entre la Russie et les Etats-Unis, le président al-Assad a dit : “Oui, pour une simple raison, à savoir la question du terrorisme. La Russie a voulu lutter contre le terrorisme, non pas uniquement pour la Syrie ou pour elle-même, mais aussi pour la région entière, l’Europe et le monde entier. Les Etats-Unis croient toujours, depuis la guerre de l’Afghanistan au début des années 80, qu’il est possible d’utiliser le terrorisme comme carte”.
A propos de l’intervention de la Turquie en Syrie et de son rôle dans cette guerre, le président al-Assad a qualifié de “conquête” la pénétration turque sur les territoires syriens, laquelle se contredit avec le Droit international et constitue une violation de la souveraineté syrienne.
“Ce sont les Turcs qui avaient créé et soutenu Daech. Ils lui ont permis de vendre notre pétrole via leurs frontières et via leurs territoires avec la participation du fils d’Erdogan”, a-t-il fait noter, ajoutant que l’idéologie d’Erdogan est un mélange de l’idéologie des Frères musulmans dans sa violence et extrémisme et de celle de l’Empire ottoman, par le biais desquelles il tente de dominer la région.
Le président al-Assad a, en outre, affirmé que la Syrie voit avec positivité l’amélioration récente des relations entre Moscou et Ankara.
Le président al-Assad a émis l’espoir que la Russie ferait certains changements dans la politique turque, notamment après le rapprochement entre elle et la Turquie.
Répondant à une question sur le fait que « Daech » n’a jamais menacé « Israël » et qu’ « Israël » n’a pas menacé « Daech », ainsi que sur le rôle d’Israël dans cette guerre, le président al-Assad a indiqué qu’il n’y a pas de contradiction entre « Israël » et tout autre réseau terroriste, tel que le Front Nosra, Daech ou les autres réseaux affiliés à Al-Qaïda.
Il a fait savoir qu’ “Israël” croit que l’affaiblissement de la Syrie lui donnera le prétexte de ne pas avancer vers la paix dans le but de ne pas restituer les hauteurs du Golan à la Syrie.
A la question de savoir pourquoi il n’y a pas de mobilisation générale de l’armée, le président al-Assad a souligné qu’il y a une mobilisation partielle. ” La mobilisation générale signifie la participation de tous au combat et paralyse la société et l’Etat, car il n’y aura personne dans les universités et il n’y aura pas d’enseignants dans les écoles ni de fonctionnaires. Cette mobilisation est admissible si la guerre durera quelques semaines ou quelques mois uniquement, non pas dans une guerre qui se poursuit depuis six ans environ”, a-t-il précisé.
Et le président al-Assad d’ajouter : “Il faut faire un équilibre entre la guerre et les besoins principaux de la société : l’université et les services qui doivent être octroyés aux gens”.
Le président al-Assad a indiqué que les experts militaires russes vivent en Syrie depuis 4 décennies et avaient constaté en 2014 que l’équilibre avait commencé à changer au profit des terroristes, via un soutien apporté par l’Occident et d’autres pays, tels que l’Arabie Saoudite, la Turquie et le Qatar. “Pour cette raison, nous avons invité les Russes, car ils étaient disposés à intervenir directement et car nous avons confiance en leur politique qui se base sur les moralités avant les intérêts”, a-t-il précisé.
Quant à l’objectif des ennemis actuels de présenter des offres ou des transactions à la Syrie avant la soi-disant “Révolution”, le président al-Assad a assuré que les offres avaient commencé après la crise pour dire : “Si vous fait ça, on t’aidera”.
“Avant la crise, ils n’ont pas présenté d’offres, mais ils voulaient utiliser la Syrie d’une manière indirecte. Ils voulaient nous convaincre de faire quelque chose. A l’époque, la question principale dans le monde entier était le dossier nucléaire iranien. Ce qui a été demandé à la Syrie est de convaincre l’Iran d’œuvrer contre ses intérêts. La France avait tenté de le faire, ainsi que l’Arabie Saoudite qui nous a voulu de s’écarter de l’Iran sans justification”, a-t-il dit.
Le président al-Assad a fait savoir qu’ “il faut tuer les terroristes qui combattent notre armée, car ils ne sont disposés à aucun dialogue et il faut protéger les citoyens”. “Mais le plus important à moyen et à long terme, c’est la lutte contre leur idéologie par le biais d’une idéologie pareille, mais modérée. Il est impossible de lutter contre l’extrémisme à l’Islam que via l’Islam modéré”, a souligné le président al-Assad.
A propos de sa satisfaction de l’intervention russe pendant l’année passée, le président al-Assad a fait noter qu’en dépit de la présence de la soi-disant “Coalition américaine”, qui n’avait rien fait, Daech et le Front Nosra ont poursuivi leur extension, mais après l’intervention russe, la superficie des zones contrôlées par les terroristes a commencé à se réduire.
Concernant la question kurde et la création de la Fédération, le président al-Assad a affirmé que la majorité des Kurdes ne veulent pas cette Fédération, faisant noter que c’est le peuple syrien qui doit prendre part à un référendum pour dire oui ou non à cet égard. ” La majorité des habitants du nord sont des Arabes. Donc, comment peuvent-ils créer une Fédération kurde au nord du pays alors que la majorité de la population sont des Arabes ?”, s’est interrogé le président al-Assad.
Et le président al-Assad de poursuivre : “Nous traitons avec les Kurdes et nous les avons soutenus pendant la guerre contre Daech”.
Par ailleurs, le président al-Assad a souligné la nécessité de définir le mot “opposition”, vu que la majorité des gens l’utilisent pour parler de ceux qui portent les fusils et tuent les gens, disant : “Il ne faut pas les dénommer “opposition”. L’opposition est une terminologie politique et elle ne doit pas être militaire”.
Faisant allusion à l’opposition politique et aux nouveaux partis opposants qui se trouvent en Syrie, le président al-Assad a assuré que la question ne dépend pas de parties avec lesquelles on négociera, mais avec celles qui ont de la puissance et de l’influence.
“Même si on a dialogué avec l’opposition politique, la situation ne changera pas, car tout le monde sait que les terroristes appartiennent aux groupes affiliés à Al-Qaïda, à Daech et au Front Nosra. Ils n’appartiennent à aucun mouvement politique et ils ne prennent en compte aucune idéologie sauf celle Wahhabite. Donc, la partie la plus importante du problème réside dans la partie avec laquelle on doit traiter”, a fait noter le président al-Assad.
Questionné sur les “Casques blancs”, le président al-Assad a assuré qu’ils traitent avec le Front Nosra dans les zones qu’ils contrôlent, abordant les séquences de vidéos et les images qui montrent la célébration de plusieurs de leurs éléments de la mort des soldats de l’armée syrienne sur leurs dépouilles.
Questionné sur ce qui changera dans la guerre après la récupération d’Alep, le président al-Assad a affirmé que la récupération d’Alep constitue un acquis politique et national et constitue un point de départ dans le but de progresser dans d’autres zones et de les libérer des terroristes.
A. Chatta