Damas-SANA / Le président Bachar al-Assad a affirmé que personne ne croit que la Turquie veut faire revenir trois millions de réfugiés syriens dans le nord-est du pays. “Ce n’est qu’une façade humanitaire pour créer une illusion et provoquer un conflit entre la population sur place”, a-t-il précisé.
Dans une interview qu’il a accordée à la chaîne de télévision Russia 24 et ROSSIYA SEVODNYA, le président al-Assad a fait noter que la plupart des Kurdes sont des patriotes qui soutiennent leur pays et le peuple syrien comme tout autre groupe, indiquant que certains de ces groupes, qu’ils soient Kurdes, arabes ou peut-être autres, agissent conformément aux instructions des Américains, mais le dialogue avec eux ne s’arrête pas.
Le président al-Assad a souligné que la solution la plus pacifique pour faire sortir l’occupant américain est l’unification des Syriens autour des principes et des concepts patriotiques, assurant que la présence américaine en Syrie donnera naissance à une résistance militaire qui aura pour conséquence des pertes parmi les Américains, et entraînera par la suite leur départ.
Voici le texte intégral de l’interview du Président syrien Bachar Al-Assad à la chaîne de télévision Russia 24 et RIA Novosti, le 12 novembre 2019
1) Tout d’abord, monsieur le président, nous vous remercions d’avoir pris le temps de répondre à nos questions dans un moment si tendu. Donc, la première question. A présent l’attention du monde entier est focalisée sur ce qui se passe dans le Nord-est de la République arabe syrienne. Comment voyez-vous personnellement l’accord entre la Russie et la Turquie sur la Syrie?
– Sans aucun doute, nous le considérons comme très positif. Mais notre position se fonde non sur la confiance en la Turquie, qui dans l’ensemble, n’a généralement pas respecté les engagements pris précédemment dans le cadre du format d’Astana et d’autres, mais sur l’influence sans aucun doute bénéfique de la participation de la Russie à cette question, alors que nous étions confrontés à trois scénarios possibles.
Le premier c’est l’agenda ou le plan turc et ses dimensions établies sur la base de l’idéologie ottomane et celle de la confrérie des Frères musulmans . Le second est un projet américain lié à l’invasion turque visant à aggraver la situation en Syrie et à retarder la réalisation d’une solution qui était proche comme nous l’avons tous vu.
Le troisième est l’initiative de l’Allemagne visant à internationaliser la région, et donc à y assurer une protection internationale. En général, toutes ces options sont élaborées par les États-Unis. C’est justement là qu’intervient le rôle positif de la Russie, car il barre la route à la mise en œuvre de tels scénarios, et contribue également à éliminer le prétexte ou l’argument du facteur kurde, en vue de créer les conditions favorables au retrait des troupes turques.
2) – Monsieur le président, pourquoi la Russie aide-t-elle la Syrie?
– Il est difficile de répondre à cette question sans parler du rôle de la Russie. La Russie est une grande puissance qui a ses obligations, des tâches et des responsabilités importantes sur l’échiquier mondial. Ces responsabilité sont dans l’intérêt du monde entier, mais aussi dans l’intérêt de la Russie et de son peuple.
Il n’y a pas d’autre alternative pour la Russie que de jouer le rôle d’un grand état ou de se limiter au rôle d’un pays très quelconque, ce qui n’est pas dans l’intérêt du monde. C’est dans ce sens que la présence militaire de la Russie en Syrie s’inscrit dans le cadre du maintien de l’équilibre dans le monde, car le monde d’aujourd’hui n’obéit pas aux normes juridiques, mais au principe de la force. C’est pourquoi l’influence militaire russe est nécessaire pour assurer l’équilibre dans le monde.
Par ailleurs, il y a la nécessité de lutter contre le terrorisme, une lutte qui a deux dimensions: Elle un aspect moral, et un aspect juridique, à savoir le droit international, puisque le terrorisme est soutenu par des Etats bien connus. Il y a par ailleurs la nécessité de protéger les intérêts de la Russie. Le terrorisme ne connaît pas de frontières y compris politiques. Il peut être aujourd’hui en Syrie, ainsi que dans les endroits les plus reculés de l’Asie, ou en Europe où il y a eu des actes terroristes ces dernières années, et il peut également être en Russie. Vous savez ce qui s’est passé il y a plus de dix ans, quand des terroristes prenaient en otage des innocents dans des écoles et des théâtres tuant des gens. Vous savez ce qu’est le terrorisme, vous l’avez vécu, ou vous le vivez toujours en République tchétchène et ailleurs. Il est impossible aujourd’hui de lutter contre le terrorisme uniquement sur place. Il doit être combattue partout dans le monde. Par ailleurs, la Russie a, à travers le rôle qu’elle joue, une vision totalement opposée à celle des pays occidentaux qui croient que le droit international va à l’encontre de ses intérêts. Tandis que la Russie estime que le droit international sert ses intérêts, de même que les intérêts qu’elle partage avec les nations du monde. Pour toutes ces raisons la Russie aide la Syrie.
3) – Monsieur le président, si nous revenons à la question de la Turquie, que pensez-vous des intentions d’Ankara d’amener les réfugiés syriens dans les territoires contrôlés par l’armée turque et les combattants pro-turcs dans le nord-est du pays? Si l’on considère que le nombre de ces réfugiés est d’environ 3 millions de personnes.
– Personne ne croit que la Turquie veut faire revenir ces trois millions de réfugiés syriens dans la région. Ce n’est qu’une façade humanitaire pour créer une illusion.
Même si elle voulait le faire, ce n’est pas possible, car cela créerait un conflit entre la population sur place, les propriétaires de la terre, ceux qui vivent dans leurs villes, leurs villages, leurs maisons, leurs fermes, leurs champs, etc…, et les nouveaux arrivants, car les ayants droits ne renonceront pas à leur droits dans ces régions. Cela signifie créer un conflit à caractère ethnique. Mais le but principal de la Turquie est d’amener à ces terres les terroristes avec leurs familles, ces mêmes terroristes qui combattaient en Syrie et qui ont été vaincus, pour qu’ils forment une nouvelle société radicalisée conformément à la vision du régime turc d’Erdogan. Tel est son but véritable. Dans tous les cas, les deux options sont dangereuses et visent à déstabiliser la Syrie, c’est pourquoi nous rejetons cela catégoriquement.
4) – Les accords de Sotchi ont permis de normaliser la situation dans le Nord-est de la Syrie, et ont créé les conditions favorables au retour du territoire situé à l’est de l’Euphrate, ainsi que de certaines régions dans le Nord-est du pays sous la juridiction du gouvernement syrien. Cependant, les habitants de cette région ont longtemps été coupés du pouvoir central de l’Etat en raison des activités de Daech. Quelles sont les mesures que vous comptez adopter en vue d’établir un dialogue avec les autorités locales kurdes? Puisque la lutte contre Daech était menée et avaient continué par les forces gouvernementales dans cette région, comme par les forces d’autodéfense Kurdes.
⁃Je veux entrer un peu dans les détails, parce que Daech est venu au gré des États-Unis, et opéraient sous couverture américaine. Nous sommes même convaincus et nous avons des preuves que dans beaucoup de cas les Etats-Unis manipulaient directement Daech comme un outil militaire pour frapper l’armée syrienne et disperser les forces qui luttent contre le terrorisme en particulier les forces syriennes.
En ce qui concerne les forces kurdes, il est nécessaire de corriger certaines notions. On utilise mal ce terme. Il est utilisé par les Occidentaux pour donner l’impression que les forces sur le terrain sont des forces kurdes et que cette zone est une zone kurde. Tout d’abord, je tiens à préciser que cette région située dans le Nord et le Nord-est de la Syrie, est une région en majorité arabe. Plus de 70% de la population y sont arabes, et non le contraire. Et même les groupes qui y combattent sont composés de kurdes et d’autres nationalités. Mais les Américains ont soutenu les unités Kurdes et leur ont donné le commandement, pour donner l’impression que ces zones sont kurdes, et afin de créer un conflit entre les Kurdes et les autres groupes en Syrie. Cependant, nous avons maintenu contact. Il n’a pas été interrompu pendant la guerre, bien que nous sachions que certains de ces groupes interagissaient avec les américains et étaient gérées par eux. Ils sont armés et financés par les américains, mêmes leurs déclarations ce sont les Américains qui les leur écrivent. Mais cela ne signifie pas que les kurdes ne sont pas patriotes. J’affirme que la plupart des Kurdes sont des patriotes qui soutiennent leur pays et le peuple syrien comme tout autre groupe.
Mais certains de ces groupes, qu’ils soient Kurdes, arabes ou peut-être autres, agissent conformément aux instructions des Américains, mais le dialogue avec eux ne s’arrête pas. A présent, et après que l’armée syrienne ait revenue, nous établissons un dialogue pour les convaincre que la stabilité sera instaurée quand nous respecterons tous la Constitution syrienne, car cette Constitution exprime la volonté du peuple. Il y aura stabilité quand l’armée syrienne reprend le contrôle, et que les institutions de l’état syrien retournent aussi, ces institutions qui agissent dans le cadre de la Constitution et expriment la volonté du peuple.
Il y a eu récemment des progrès dans cette direction après l’invasion turque. La Russie y joue un rôle important, un rôle fondé sur les mêmes principes que je viens de mentionner.
Parfois nous progressons, et parfois nous faisons un pas en arrière pour diverses raisons, parmi lesquelles la pression des États-Unis sur les groupes armés en Syrie, pour qu’ils adoptent une attitude négative vis-à-vis du gouvernement syrien. L’on s’y attendait d’ailleurs. Mais maintenant nous sommes plus optimistes à cet égard, parce qu’à mon avis, après 9 ans de guerre, je crois que la plupart des gens ont pris conscience de l’importance de s’unir avec le gouvernement, malgré les différends politiques. Si vous n’êtes pas d’accord avec le gouvernement ou le parti au pouvoir, c’est une autre question. Mais par tout dans le monde, c’est l’État qui prend soin de tous, et je pense que nous allons dans cette direction.
5)- Si je comprends bien, cette situation s’est généralement formée dans le Nord-est en raison des ingérences extérieures? Je veux dire que d’après certaines opinions, certains problèmes avec les kurdes sont insolubles?
– Il y a des problèmes seulement avec une partie des kurdes, je souligne une fois de plus que la plupart des Kurdes vivent en Syrie depuis des décennies sans problèmes. Il y a des groupes radicaux au sens politique, ce sont eux qui avancent les idées sécessionnistes. Certaines des idées sont liées à la fédéralisation et à l’ autonomie kurde. Comme je viens de le dire, cette région est arabe. Et si quelqu’un a le droit de parler de fédéralisation eh! bien ce sont les arabes, parce qu’ils y sont majoritaires. Ce serait évident dans ce cas-là .
La situation en Syrie est différente de celle du Nord de l’Irak et du Sud-est de la Turquie. Il n’y a pas de majorité kurde dans cette région. Quant aux droits culturels et autres, je cite toujours l’exemple des Arméniens, car c’est le dernier groupe à être venu en Syrie il y a plus de 100 ans. Ils ont leurs écoles, leurs églises et tous les droits culturels inaliénables, alors pourquoi donner des droits culturels à une communauté mais pas à l’autre ? Pour une simple raison, car ce groupe appelle au séparatisme. Ni le pouvoir ni le peuple n’acceptent des propositions séparatistes, et ne l’accepteront à aucun moment. Voilà le problème. Ces mêmes groupes soutenus par les États-Unis disent que la situation a changé après la guerre.
Bien sûr que la situation a changé, c’est tout à fait normal. Toute guerre change beaucoup la société. Mais la guerre n’est pas une raison pour diviser le pays, et ne justifie pas le séparatisme, ni d’aller jusqu’à saper la Constitution et affaiblir l’état. La guerre doit rendre notre patrie plus forte et non plus faible. Quelles que soient les circonstances, nous refuserons catégoriquement tout ce qui va dans le sens de la séparation.
6) – Monsieur le président, quand même comment évaluez-vous le rôle des Unités de protection du peuple kurde dans la lutte directe contre l’Etat islamique, car selon leurs statistiques, des milliers de combattants seraient morts en protégeant leurs petits villages et localités en Syrie.
– Beaucoup de Syriens se sont battus pour défendre leurs villages, non seulement dans cette région, mais partout aussi. C’est injuste de parler seulement d’un seul groupe en Syrie: ils ont tous défendu leur patrie. Tous les Syriens ont défendu leurs villes et leurs villages. Lorsqu’on court un danger existentiel, on se défend inévitablement. c’est évident. Je ne situe pas cette défense dans un contexte politique. Si non , cela revient à donner aux États-Unis une attestation de bonne conduite, et à dire que les forces soutenues par Washington combattaient contre Daech, ce qui revient à dire que les États-Unis luttaient effectivement contre le terrorisme. Nous savons tous et nous le déclarons tous en Syrie, en Russie et dans d’autres pays, que les États-Unis ont soutenu l’EI.
Il faut faire la distinction entre les citoyens qui ont protégé leurs villages et obtenu des résultats concrets dans ce domaine en tuant beaucoup de ces terroristes et en les éradiquant, et l’agenda politique, qui est en fait lié aux États-Unis. Donc nous devons être précis à cet égard.
7)- La date limite, prévue pour le replis des forces YPG à 30 kilomètres des frontières turques, a expiré en octobre. Ankara prétend que les forces YPG ne se sont pas retirées. Où sont ces détachements maintenant? Où se positionnent-elles? Et il y a une autre question non moins importante : comment ces détachements seront-ils intégrées dans l’armée syrienne, parce que ces déclarations ont été faites.
– Le mémorandum russo-turc doit être mis en œuvre en ce qui concerne le replis de ces groupes armés. Comme je l’ai dit: ces groupes sont un mélange d’arabe et de kurdes, mais leurs dirigeants sont kurdes. Ils faut absolument qu’ils se retirent, parce qu’ils ont donné le prétexte aux Turcs de commencer à mettre en œuvre leur plan, ce dont ils rêvent depuis le début de la guerre. Ces forces doivent en conséquence battre en retraite à 30 kilomètres.
En ce qui concerne la mise en œuvre de ce retrait, elles ont annoncé qu’elles le feraient; le retrait a déjà eu lieu dans certaines zones, mais pas entièrement. Cela est prévu. Ce genre de chose ne se produit pas de subitement ni rapidement. Un contrôle central sur tous les groupes combattants dans une région donnée n’est pas nécessaire. Vous savez que les groupes mènent parfois des combats de manière chaotique, et prennent des décisions de la même manière chaotique, donc une chose peut s’appliquer dans un endroit mais pas dans un autre.
Nous coopérons à présent avec la Russie pour exécuter l’accord dans son intégralité. Une fois la mise en application terminée, nous diront aux Turcs: Allez, commencez le retrait.
En ce qui concerne l’incorporation de ces groupes par l’armée gouvernementale syrienne: depuis 2013, l’année où nous avons commencé le processus de réconciliation nationale, nous sommes partis du principe que tous ceux qui déposeraient les armes, profiteraient de l’amnistie générale et deviendraient citoyens, comme tout le monde, en pouvant s’incorporer dans l’armée syrienne. Cela a s’est produit dans beaucoup de régions, certains de ceux qui avaient combattu les terroristes, se sont incorporés dans l’armée syrienne. Ils ont combattu dans les rangs de l’armée. Certains d’entre eux sont tombés martyres en combattant dans les rangs de l’armée arabe syrienne.
Après l’accord entre la Russie et la Turquie, nous avons officiellement, par le biais du ministère de la défense que nous étions prêts à prendre ces combattants dans l’armée syrienne au titre d’autres programmes qui prenaient en compte des particularités de cette région. Mais la réponse telle qu’elle a été officiellement comprise, était qu’ils n’étaient pas prêts à présent à rejoindre l’armée arabe syrienne, et qu’ ils étaient déterminés à garder leurs armes dans ces régions.
De plus, nous travaillons maintenant dans le cadre de la coopération russo-syrienne pour convaincre ces gens à rejoindre l’armée arabe syrienne et à se battre contre les envahisseurs turcs dans les rangs de l’armée arabe syrienne, car c’est la bonne posture pour récupérer les territoires dont ils ont eux-mêmes causé la perte au nord syrien. Il faut continuer à essayer pour voir comment les choses évolueront dans les quelques semaines à venir.
8) – Monsieur le président, la guerre dans une bonne partie de la Syrie est presque finie, les gens rentrent chez eux et dans leurs villages. Que font-ils les dirigeants syriens pour assurer des conditions de vie normales, combien de maisons – peut-être il y a des chiffres – combien de maisons, d’écoles, d’hôpitaux ont été réparés; quelles sont les problèmes essentiels qui se posent durant la préparation de la vie normale aux citoyens?
– Je pense que pour nous autres en Syrie, les principales questions qui concernent et touchent quotidiennement tout citoyen, sont la situation économique, les besoins fondamentaux, l’éducation des enfants et la santé.
Dans chaque région récupérée, nous entreprenons sans délai la restauration des écoles, nous commençons à procurer les besoins scolaires, les enseignants, et ainsi de suite. D’autre part, nous assurons le fonctionnement des hôpitaux dans cette région.
Bien sûr, le niveau de vie en Syrie doit être considéré dans le même cadre, cependant cela dépend d’une manière ou d’une autre de plusieurs facteurs externes, notamment du blocus occidental à la Syrie, lequel est lié à la livraison de produits pétroliers, de carburants et, par conséquent, d’électricité. C’est un blocus qui interdit les investissements étrangers en Syrie, et qui prend aussi d’autres formes. Nous parvenons à assurer les besoins fondamentaux, même un minimum. Dans certains cas, nous ne pouvons pas suffisamment subvenir aux besoins, et ce en raison du blocus. Nous cherchons d’autres moyens, nos amis nous aident – la Russie, l’Iran, parfois la Chine, nous fournissent de l’assistance humanitaire. Notre priorité maintenant est d’assurer un niveau minimal nécessaire à la vie des citoyens.
9) – La question la plus importante: pour rétablir une vie normale dans le pays et pour le rapatriement des réfugiés, il faut absolument procurer de l’emploi. Les entreprises industrielles se redressent-elles en Syrie? Combien d’entre elles ont été remises en état ? Est-ce que c’est difficile à faire cela dans les conditions des sanctions sévères?
– Oui, c’est difficile mais pas impossible. Ce que je dis n’est ne relève ni de l’illusion ni du fantasme; je ne tiens pas un discours irréaliste. Dans certains secteurs industriels, par exemple dans l’industrie pharmaceutique, le nombre d’usines pharmaceutiques a considérablement augmenté par rapport au début de la guerre. En permanence on construit des nouvelles usines dans divers domaines. Certainement, le rythme n’est pas ce qu’il devrait être, ou comme on le voudrait, et de manière à couvrir les besoins des réfugiés qui sont de retour de l’étranger et à la recherche d’un emploi.
Nous pouvons déjà créer de nouvelles entreprises, dont certaines, bien que dans une moindre mesure, concernent l’industrie lourde, en dépit de la situation économique. Un pays en état de guerre comme le nôtre ne peut créer que de petites, et peut-être de moyennes entreprises. Mais nous devons à présent trouver les moyens pour mieux encourager les investissements, parce que dans les conditions du blocus, il faut encourager l’investissement.
C’est la raison pour laquelle nous avons une ancienne loi d’investissement trois fois amendée . Nous examinons à présent des amendements supplémentaires adaptés à notre situation actuelle, afin de favoriser davantage l’investissement des capitaux, au moins ceux qui sont déjà en Syrie, et non soumis au blocus. Toutefois, et malgré le blocus occidental et américain, des investissements proviennent de l’étranger, mais ils sont limités.
10) – Pour revenir au règlement pacifique, les militants continuent de déposer les armes. Et nous savons que le gouvernement syrien et vous-même, vous faites beaucoup pour assurer leur réintégration sociale. Que prévoyez-vous pour aider les combattants pacifiés et leurs familles?
– C’est un point important et un défi majeur. Il englobe plusieurs secteurs. Tout d’abord, les enfants. Car vous parlez des familles. Un homme armé ne peut être considéré comme un cas isolé, il a une famille et un entourage, même s’il est petit, mais un entourage radical. Il a des enfants qui pendant une longue période, une période cruciale de leur vie, ont vécu hors la loi, loin des programmes scolaires nationaux, absorbant de fausses idées. Il faut donc d’abord les intégrer dans les écoles, et nous avons annoncé il y a quelques semaines que les écoles admettront ces élèves dans les classes en fonction de leur âge, pour les intégrer au système national dans les années à venir et pour qu’ils absorbent à nouveau les valeurs patriotiques.
Il y a un autre point – à savoir l’extrémisme religieux, qui a été promu et s’est enraciné dans les esprits pendant plusieurs années, là où l’idéologie d’Al-Qaïda et des salafistes régnait sous couverts de Daech, al-Nusra, l’armée de libération de la Syrie, l’armée de l’Islam, peu importe. C’est du pareil au même. Elles suivent toutes le même raisonnement et embrassent la même doctrine. Ici en Syrie, les institutions religieuses jouent un rôle très important à cet égard. Ces gens- là, vous ne pouvez pas au départ leur parler de la patrie ni l’humanité. Il faut qu’ils comprennent d’abord que les idées religieuses qu’ils ont acquise sont des idées fausses, et déformées allant à l’encontre de la vraie foi. Actuellement nous travaillons activement pour leur enlever ces idées de la tête.
Le troisième point est que ces communautés vivaient hors la loi. elles ne savent pas ce que signifie l’Etat, ni la loi. Elles ne comprennent pas ce qu’est un tribunal, un policier, un agent de la circulation, ainsi que d’autres éléments et outils utilisés par la société pour mieux s’organiser. C’est l’aspect le plus difficile. Ici, le défi est de savoir comment faire entrer l’État sous ses meilleures formes dans ces villes et villages pour rétablir les notions de la discipline et de l’ordre. Nous travaillons sans cesse sur ces questions, et nous impliquons de manière active les différentes institutions de l’État, afin de réintégrer cette communauté dans la société syrienne, et avec les conceptions et les valeurs de la patrie.
11) ⁃Monsieur le président, une autre question très importante en rapport avec la situation humanitaire. Elle concerne encore une fois la population kurde. Durant la guerre, de nombreux enfants kurdes ont reçu une éducation en langue kurde, n’ont pas obtenu un diplôme d’état, et ne disposent pas de certificats de scolarité. C’est un gros problème, car ils ne peuvent pas continuer leurs études, ni avoir officiellement un emploi. Y-a-t-il un plan pour régler ce problème? Est-il prêt ou en cours de préparation?
– Cette question fait écho à la précédente. Pour régler ce problème, le ministère de l’éducation a annoncé, juste après l’invasion turque, il y a environ deux ou trois semaines ou peut être un peu moins, il a annoncé la décision d’admettre les élèves qui ont suivi une formation suivant les programmes scolaires kurdes, et de les intégrer dans le système de l’éducation national syrien, et ce après l’école primaire. C’est une solution pratique, et tout à fait normal. Sinon, comment pouvons-nous demander à ces jeunes élèves et ces adolescents de s’intégrer dans leur patrie, alors qu’ils ne sont isolés ou non admis dans le système de l’éducation National?
11) – Mais il y a aussi les enfants et les adolescents qui ont déjà terminé l’école et n’ont aucun certificat d’études. Comment résoudre ce problème?
– Il faut absolument reconnaître ces diplômes, on n’a pas le choix. Après tout, le processus d’intégration de l’étudiant se produit non seulement à l’école, mais aussi dans les établissements d’enseignement supérieur et autres établissements d’enseignement. Par conséquent, si nous voulons qu’ils évoluent dans la bonne direction et qu’ils servent à leur patrie qu’ils contribuent au développement futur de l’état, nous devons trouver des solutions et prendre des mesures pour les intégrer dans le système de l’éducation national.
Il y a deux semaines la première solution de ce type que j’ai déjà mentionnée a été annoncée, c’est le moyen le plus simple et le plus rapide. Je pense qu’on trouvera d’autres solutions dans les quelques prochaines semaines.
12) Monsieur le Président, selon les médias, Trump aurait annoncé une expansion de la présence militaire en Syrie, en particulier dans le nord et le nord-est du pays, sous prétexte de protéger les gisements pétroliers. Est-ce que c’est la solution militaire est possible ? et Quand une telle opération militaire pourrait-elle avoir lieu?
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– J’ai toujours dit que l’occupation ne pourrait pas venir s’il n’avait pas d’agents loyaux dans le pays. Il serait difficile pour un occupant de vivre dans un environnement totalement hostile. Nous disons toujours que la solution prioritaire, la solution la plus proche et la plus pacifique c’est que nous autres les Syriens nous nous unissons autour des principes et des concepts patriotiques. À ce moment-là les Américains partiront et ne pourront pas rester ici ni pour le pétrole, ni pour quelque chose d’autre.
Mais si avec le temps les occupants restent, l’expérience de l’Irak les Américains s’en souviennent toujours. Le résultat était inattendu pour eux, mais nous autres, en Syrie, nous l’avons anticipé. J’ai dit dans une interview à la suite de l’invasion de l’ Irak en 2003 que l’occupation donnerait naissance à une résistance militaire.
Ainsi, la présence américaine en Syrie donnera naissance à une résistance militaire qui aura pour conséquence des pertes parmi les Américains, et entraînera par la suite leur départ.
Bien sûr que nous ne pensons pas à un affrontement entre les États-Unis et la Russie. Ce n’est évidemment ni dans notre intérêt, ni dans celui de la Russie, ni dans l’intérêt de la stabilité du monde, et c’est dangereux. Mais les États-Unis ne peuvent pas penser qu’ils vivront et se sentiront à l’aise dans n’importe quelle régions qu’ils occupent. Nous leur rappelons l’Irak et l’Afghanistan. La Syrie n’est pas une exception à cet égard.
13) En ce qui concerne les actions des États-Unis ici, je veux dire principalement autour du pétrole syrien, ne pensez-vous pas qu’il s’agit d’un banditisme d’État? Et quelles pertes économiques la Syrie subit-elle en raison des actions de Washington?
C’est tout à fait exact. Pas seulement parce qu’ils volent le pétrole, mais aussi parce que les États-Unis sont un État fondé, en tant que régime politique, sur les groupes criminels.
Le président américain ne représente pas un Etat; il est plutôt le directeur exécutif d’une entreprise, derrière lequel il y a un conseil d’administration, qui représente les grandes entreprises américaines, qui sont les vraies propriétaires du pays. Il s’agit des compagnies pétrolières, de l’industrie de l’armement, des banques et d’autres lobbys.
Pour revenir à la question du pétrole, c’est naturellement le résultat du fait que ce système américain est dirigé par des entreprises qui œuvrent pour leur propre intérêt. Mais, je voudrais vous rappeler une chose qui est plus importante que le simple fait de les qualifier de bandits. Le pétrole était l’un des éléments les plus importants qui ont poussé Hitler à attaquer l’URSS durant la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui les Etats-Unis font la même chose: ils imitent les nazis. Nous pouvons donc; tout simplement, comparer la politique américaine actuelle à celle des nazi: expansion, invasion, atteinte aux intérêts d’autres peuples, violation du droit international, des normes internationales, des principes humanitaires, etc., – rien que pour le pétrole.
Quelle différence y-a-t-il entre cette politique et les méthodes de nazi? Quelqu’un du système américain peut-il nous donner une réponse à cette question? Je ne pense pas.
14) La Syrie déposera-t-elle une plainte auprès de l’ONU pour le vol du pétrole syrien par les Etats-Unis? Est-ce-que Damas prévoit un plan pour réclamer une indemnité à Washington pour le pétrole volé?
– Bien sûr, naturellement, mais moi, vous et beaucoup de gens dans le monde savent que l’ONU n’existe pas, car le droit international n’ existe pas. Toutes les plaintes déposées aux Nations Unies restent sur les étagères, car il s’agit d’un semi-État géré par des gangs, qui se fondent sur le principe de la force.
Comme nous le disions tout à l’heure, il s’agit d’ une bande de voleurs, et le conflit qui les opposent est une lutte pour les gains, les acquis et les pertes.
Ce n’est pas une lutte d’ idéologies ni de partis, comme il le semble. Je parle des conflits qui ont lieu aux Etats-Unis entre Trump et d’autres. Ce sont des conflits pour recueillir les dividendes et les profits. C’est pourquoi nous vivons aujourd’hui dans un monde qui ressemble à la jungle, il ressemble davantage au monde de l’avant Seconde Guerre mondiale, et non à celui de l’après- guerre. Nous allons porter plainte, mais elle restera sur les étagères.
15) Il y a quelques jours, l’un des fondateurs de l’organisation Casques Blancs est décédé à Istanbul, cette organisation impliquée à plusieurs reprises dans la contribution à la fabrication de vidéos sur la soi-disant usage d’armes chimiques en Syrie. certaines hypothèses considèrent à présent que ce fondateur des Casques blancs n’était pas décédé d’une mort naturelle, mais qu’il a plutôt été tué. A votre avis que s’est-il passé à Istanbul?
Pour ne pas en parler comme un cas isolé, analysons cet incident dans le contexte général des événements similaires. Il y a quelques semaines le milliardaire américain Jeffrey Epstein a été tué. Et ils ont dit qu’il s’était suicidé en prison, mais il a été tué parce qu’il connaissait beaucoup de secrets très importants liés à des personnalités importantes dans régimes, ou le régime britannique et américain, et probablement d’autres pays.
L’un des principaux membres des Casques blancs était en Allemagne et a été tué en prison. Ils ont dit qu’il s’était suicidé. Maintenant, c’est le principal fondateur des Casques blancs qui est tué. Il est officier, il a travaillé toute sa vie avec l’OTAN en Afghanistan, au Kosovo, en Iraq et au Liban; ensuite il a fondé les Casques blancs en Syrie.
En quoi l’histoire de cet homme est-elle liée aux activités humanitaires, que les casques blancs sont censés effectuer?
Nous et vous, nous savons qu’ils font évidemment partie d’Al-Qaïda. Je crois qu’après la liquidation de Ben Laden et d’al-Baghdadi, toutes ces personnes sont à leur tour liquidées, d’abord parce qu’elles connaissaient des secrets importants. Ils sont devenus un fardeau, leur rôle est terminé. Une fois leur rôle terminé, il est désormais nécessaire de se débarrasser d’eux.
Donc, si nous portons un regard panoramique sur toutes ces histoires, nous ne croirons pas qu’ils se sont suicidés, ni qu’il s’agit de morts naturelles. Tous ces noms, et peut-être d’autres que nous ne mentionnons pas maintenant, ont été tués, une fois leurs missions terminées, afin que soit enterré avec eux la vérité. Pourquoi Al-Baghdadi et Ben Laden ont-ils été tués? Probablement parce que s’ils étaient restés en vie, ils auraient dit la vérité dans certaines circonstances. Peut-être que le fondateur des Casques blancs était en train d’écrire ses mémoires. Mais cela n’est pas permis. Ce sont des probabilités, mais des probabilités très vraisemblables, car les autres interprétations ne sont pas convaincantes pour moi en ce moment.
15)Donc vous croyez que les services secrets occidentaux sont derrière le mort de l’ex-employé de service de renseignement britannique?
Sûrement, ceci est le travail des services secrets. Mais quels services? Quand on parle de services occidentaux en général, de services turcs ou de certains autres dans notre région – ce ne sont pas les services d’un Etat souverain, mais des branches du principal service de renseignement, à savoir la (CIA). C’est ça la vérité. Ils reçoivent tous le ordres d’un seul et même patron, et en coordination les uns avec les autres.
Il est possible, voire très probable que les services secrets turcs aient exécuté ce travail sur l’instruction de services étrangers. Encore une fois, ce sont des hypothèses probables, mais telle est la nature des liens entre les services secrets occidentaux ou ceux qui travaillent pour eux.
16) Monsieur le président, le Comité constitutionnel a commencé ses travaux à Genève. À votre avis, son travail sera-t-il efficace? Est-ce qu’il existe des “lignes rouges” pour Damas, après lesquelles les propositions du Comité ne seront pas acceptées?
– Il y a une tentative de nous faire croire que le règlement du conflit passe par le comité constitutionnel. Mais la guerre en Syrie n’a pas commencé en raison de désaccords concernant la constitution. La guerre en Syrie a été déclenchée pace que des terroristes avaient tué des militaires, des policiers et des civils, ainsi que parce qu’ils avaient saboté l’infrastructure. Voilà pourquoi la guerre ne se terminera que si nous mettons fin au terrorisme.
Il y avait un volet politique parallèle: les États-Unis ont tenté de poser l’idée d’un gouvernement de transition. Bien sûr, il y a eu un refus de notre part, en Syrie comme de la part d’autres pays qui adhèrent aux principes du droit international. Et justement sur la base du droit international, des négociations de Sotchi ont été engagées, et où était donnée l’idée du Comité constitutionnel.
Le Comité constitutionnel discute de la constitution. Nous croyons qu’il est nécessaire d’analyser la constitution de temps en temps, comme tout autre document, et d’y apporter des amendements conformément aux nouvelles réalités de la Syrie. Ce n’est pas un texte sacré, nous n’avons aucun problème avec cela, voilà pourquoi nous sommes allés dans cette direction.
Pour ne pas être trop optimiste et ne pas faire des propositions irréalistes, il est nécessaire de discuter de la structure du comité constitutionnel. Il est formé de trois parties. L’une représente le point de vue du gouvernement syrien, l’autre représente la société civile, qui a divers points de vue, et la troisième partie est nommée par la Turquie. Imaginez-vous maintenant: vous, étant Russe, vous voulez modifier la constitution de la Russie, mais on vous dit qu’une partie du comité, ou tout le comité, ce n’est pas important, est nommée par des états étrangers. Non seulement vous ne refuserez, mais vous direz aussi qu’il s’agit d’une proposition stupide et que ses actions vont à l’encontre de la logique et de la réalité. Mais c’est bien ce qui s’est passé dans ce comité constitutionnel. Nous négocions avec une partie nommée par le gouvernement turc, et donc par l’Amérique.
La Turquie est une façade, c’est un fait. Maintenant, si nous voulons nous attendre vraiment à des résultats de ce comité, l’appartenance de tous ses membre doit être à la Syrie et au peuple syrien. Aucun de ses membres ne doit appartenir à un état étranger, et ils le sont ouvertement. Leur sera-t-il permis d’être Syriens au fond et à 100%? Quelqu’un qui défend les intérêts d’un autre pays, peut-il revenir et appartenir de nouveau à son pays? Je ne veux pas donner une réponse. Mais ce sont des questions logiques, et je crois que quiconque nous écoute maintenant à des réponses logiques à ces questions.
17) – Monsieur le président, l’économie syrienne a beaucoup souffert pendant la guerre et à cause des sanctions, on parle souvent de la corruption, quelles réformes entendez-vous mettre en œuvre prochainement? Et y-a-t-il des mécanismes pour renforcer la devise nationale?
-Pour renforcer l’économie, nous avons besoin d’abord de lois d’investissement modernes et développées. J’en ai déjà parlé, et j’ai bien dit que nous œuvrons actuellement à développer ces lois.
Vous évoquez aussi dans votre question la lutte contre la corruption. Et c’est très important aussi bien pour soutenir l’économie, que pour appliquer les lois, et aussi pour soutenir la livre syrienne.
Ces questions sont liées entre elles. Nous avons commencé à lutter contre la corruption il y a plusieurs années et nous poursuivons cette lutte plus activement avec l’apparition de nouveaux cas de corruption. C’était prévisible, car la guerre engendre l’anarchie, et cette dernière constitue un environnement très favorable au terrorisme d’une part, et à la corruption de l’autre.
Nous appliquons la loi dans ce sens. Mais de nouvelles lois sont également nécessaires pour lutter contre la corruption et le terrorisme. Les lacunes liées à la faiblesse de l’économie et à l’ampleur de la corruption sont dues à la faiblesse des lois. Un comité composé de législateurs œuvre depuis un an environ à rédige des lois pour combler ces lacunes qui contribuent à la corruption. Cela en soi soutiendra la livre syrienne , de même que les investissements, car le développement de l’investissement permet de soutenir aussi la livre. Notre politique n’est pas spéculative, c’est une politique de création d’une économie forte, qui à son tour soutiendra la monnaie nationale.
18) – Monsieur le président, aujourd’hui les pays voisins de la Syrie sont le théâtre de manifestations antigouvernementales, surtout le Liban et l’Irak. L’août dernier la Jordanie a connu des manifestations dans la capitale Amman. Est-ce que ça vous rappelle le début des événements en Syrie en 2011? Qui en tire le profit à votre avis? Et quel en est le but principal?
-Non, ça ne ressemblent pas à ce qui s’est passé en Syrie. En Syrie, il y avait au début de l’argent qui été versé, c’est bien documenté. des groupes de gens étaient payés pour descendre dans les rues. Il y eu aussi une partie moins importante de manifestants qui voulaient vraiment changer quelque chose. Cependant en général la situation était différente, car les meurtres ont commencé dès les premiers jours, des coups de feu aussi.
Cela signifie que les manifestations n’étaient pas spontanées. Il y avait de l’argent, des armes étaient préparées, donc je ne peux pas comparer cette situation aux autres cas. Si ces manifestations dans les pays voisins sont vraiment spontanées, sincères et expriment la volonté du peuple d’améliorer la situation politique et économique, elles doivent rester dans le cadre national. Parce que d’autres pays, qui s’ingèrent par tout dans le monde – comme les États-Unis et l’Occident, en particulier la Grande-Bretagne, la France d’autres pays – vont certainement profiter de la situation pour jouer leur rôle et pousser les événements dans de manière à servir leurs propres intérêts. Le plus important c’est que les choses restent dans le cadre national, dans ce cas -là, elles demeureront positives, car elles expriment la volonté des peuples dans ces pays.
Cependant, lorsque le facteur étranger s’ajoute, bien entendu, la situation ira à l’encontre des intérêts du pays. Nous avons vécu cette expérience en Syrie. Je souhaite donc que ces manifestations aident au changement positif dans tous les domaines et à tous les niveaux.
19) – Monsieur le président, ma dernière question est probablement un peu personnelle. Nous savons très bien que vous aimez conduire vous- même votre voiture. Et chaque citoyen syrien sait que vous préférez conduire vous-même. Maintenant il n’a plus de guerre dans la plupart du territoire syrien. Les routes sont devenues plus sécurisées. Est-ce que vos gardes ont moins de travail maintenant pendant vos déplacements? Et avez-vous remarqué ces changements positifs en Syrie lorsque vous conduisiez vous-même?
– Dès le premier jour dans mon poste je conduis et je n’ai pas changé mes habitudes jusqu’ à présent. Je voudrais souligner un point important: Nous n’avons pas changé les mesures de protection depuis la période avant-guerre et jusqu’à présent, ils sont restés les mêmes, nous n’avons pris aucune mesure supplémentaire en ce qui concerne la conduite de voiture où pour mon cortège – ça n’a pas été changé ni avant, ni pendant, ni après la guerre.
L’un des objectifs des terroristes et de ceux qui les soutenaient, ainsi que des pressions psychologiques était de semer la panique en Syrie. Quand un fonctionnaire a peur, les citoyens commencent nécessairement eux aussi à avoir peur. C’est le premier aspect.
Le deuxième aspect n’est pas lié à la guerre – je conduis ma voiture parce que je n’aime pas les manifestations du pouvoir. C’est ma nature. Je compte sur moi-même, je conduisais toujours, je n’ai rien changé à mes habitudes. J’ai préféré garder porter mes habitudes à mon poste, et non acquérir ses attributs. C’était mon principe avant la guerre.
Ce principe n’a pas changé avant la guerre, ni pendant les hostilités et je ne changerai pas après la guerre. Ni le terrorisme ni rien d’autre ne parviendront à changer mes habitudes et ma relation avec le peuple.
Quant à l’influence que ça a sur les gens, je pense que n’importe quel citoyen dans n’importe quel pays du monde aime que le responsable soit une personne normale, . Les gens aiment la spontanéité et non les apparences. Je pense que c’est là un des points fort de n’importe quel responsable conscient du rapport qu’il a avec les gens, et du fait qu’il doit être aussi proche que possible d’eux. Le responsable ne peut pas exagérer en disant qu’il mène une vie totalement ordinaire, mais il ne doit pas être isolé et déconnecté des gens, sinon il perd le lien. C’est seulement l’un des nombreux aspects de mes relations avec les citoyens syriens.
– Monsieur le président, merci beaucoup pour les réponses franches à nos questions. Et nous vous souhaitons bonne chance. Merci!
– Merci, je suis très heureux de vous rencontrer et je voudrai bien exprimer mes meilleurs vœux au peuple frère de la Russie. Maintenant, nous sommes unis non seulement par des familles mixtes, comme c’était le cas au cours des dernières décennies, mais par notre sang versé dans la lutte contre le terrorisme. Merci encore une fois.