Washington-SANA
Le président Ahmad al-Charaa a affirmé que sa visite aux États-Unis et sa rencontre avec le président Donald Trump et les membres du Congrès vise à établir un partenariat solide entre Damas et Washington, indiquant que les discussions avaient porté sur la levée des sanctions contre la Syrie et ont donné de bons résultats.
Dans une interview accordée au journal « The Washington Post », le président al-Charaa a précisé que les agressions israéliennes ne découlent pas de préoccupations sécuritaires mais de visées expansionnistes, soulignant que le Sud est un territoire syrien et qu’aucun accord de sécurité ne peut être conclu avec ‘’Israël’’ avant son retrait des territoires occupés le 8 décembre dernier.
Et le président al-Charaa d’ajouter : « Le principal objectif de cette visite est d’initier une relation entre la Syrie et les États-Unis, car elle n’a jamais été bonne au cours des dernières décennies. Nous avons cherché des intérêts communs et avons constaté que nous en avons plusieurs, notamment en matière de sécurité et d’économie ».
« La stabilité de la Syrie influencera toute la région. Cette stabilité est liée à l’économie et au développement, donc à la levée des sanctions. Ce débat est en cours depuis des mois, et je pense que nous avons obtenu de bons résultats. Mais nous attendons encore la décision finale », a fait noter le président al-Charaa.
Austin Tice et la coordination avec les États-Unis
Répondant à une question sur le journaliste américain Austin Tice, disparu en Syrie en août 2012, le président al-Charaa a dit : « Durant la guerre menée par l’ancien régime contre le peuple syrien, nous avons environ 250 000 disparus syriens, ce chiffre inclut aussi des personnes de nationalités étrangères, comme Austin Tice. Nous avons réussi à libérer un citoyen américain des prisons dès notre arrivée à Damas et l’avons immédiatement remis aux autorités américaines. Nous avons également formé une commission des disparus, axée sur les personnes de nationalité américaine portées disparues en Syrie, et nous coordonnons avec les autorités américaines ».
Et le président al-Charaa de poursuivre : « J’ai rencontré certaines familles de disparus, dont la mère d’Austin Tice – c’est une femme remarquable – elle a aussi rencontré ma mère, qui avait vécu une histoire similaire : j’ai disparu pendant sept ans, tout le monde pensait que j’étais mort, sauf ma mère. Elle avait une foi inébranlable en mon retour un jour ».
La transition et la reconstruction de l’État
Et concernant la situation en Syrie, le président al-Charaa a expliqué que le pays venait de sortir d’une guerre violente et qu’il vivait sous une dictature sévère ayant dominé pendant 60 ans. Il traverse désormais une phase de transition, avec des conditions et des lois différentes de celles des pays stables.
« Par exemple, après la guerre civile aux États-Unis, les choses se sont-elles stabilisées en un an ? Ou cela a-t-il pris de nombreuses années ? Nous sommes en phase de reconstruction de l’État, de rétablissement et de refondation de la loi. Mais je ne dis pas qu’il n’y a pas de problèmes en Syrie. Ce n’est pas la fin », a assuré le président al-Charaa.
Le président al-Charaa a précisé qu’il y a des intérêts individuels de certains groupes qui veulent de l’autonomie, et certains de ces parties cherchent à justifier leurs intérêts en utilisant leur religion ou leur doctrine comme couverture, « Ils parlent de menace existentielle pour leur communauté ou leur foi, mais en Syrie, nous vivons en coexistence avec des groupes religieux divers depuis plus de 1400 ans. Nous sommes toujours là, et cette diversité existe toujours ».
La guerre contre ‘’Daech’’
Et à propos de la guerre contre le réseau terroriste ‘’Daech’’, le président al-Charaa a dit : « Nous avons mené une guerre contre lui pendant dix ans, sans coordination avec aucune puissance occidentale ni aucun autre pays. La Syrie est aujourd’hui capable d’assumer cette responsabilité », mettant en garde contre toute division du pays ou présence militaire hors du contrôle du gouvernement.
L’accord avec les « FDS »
Questionné sur l’accord avec les Forces démocratiques syriennes « FDS », le président al-Charaa a estimé que la meilleure solution serait que les forces américaines présentes en Syrie supervisent l’intégration des « FDS » dans les forces de sécurité de l’État central. La protection du territoire syrien doit être une responsabilité nationale.
Les agressions israéliennes et les négociations
En ce qui concerne les agressions israéliennes continues et la violation des territoires et de la souveraineté syrienne, le président al-Charaa a dit : « La Syrie est entrée en guerre avec ‘’Israël’’ il y a cinquante ans. Puis, en 1974, un accord de désengagement a été signé entre les deux parties. Depuis la chute du régime de Bachar al-Assad, ‘’Israël’’ a commencé à violer l’accord, expulsé la mission de maintien de la paix des Nations Unies, occupé de nouveaux territoires et mené plus de mille raids aériens en Syrie depuis le 8 décembre, incluant le bombardement du palais présidentiel et du ministère de la Défense. Mais, parce que nous voulons reconstruire la Syrie, nous n’avons pas répondu à ces agressions ».
Le président al-Charaa a souligné que les agressions d’’’Israël’’ ne proviennent pas de ses préoccupations sécuritaires mais de ses ambitions expansionnistes, disant : « ‘’Israël’’ a toujours prétendu avoir des inquiétudes concernant la Syrie, car il craint les menaces représentées par les milices iraniennes et le Hezbollah libanais. Et, ce sont nous qui avons expulsé ces forces de Syrie ».
« La Syrie est engagée dans des négociations avec ‘’Israël’’ et a parcouru un long chemin vers un accord sécuritaire. Mais pour parvenir à un accord final, ‘’Israël’’ doit se retirer des territoires qu’il avait occupés le 8 décembre », a-t-il fait savoir.
Et le président al-Charaa d’ajouter : « Les États-Unis sont avec nous dans ces négociations, et de nombreuses parties internationales soutiennent notre point de vue à cet égard ».
Le sud est un territoire syrien
En réponse à une question sur la possibilité que la Syrie accepte le “désarmement de la zone au sud de Damas”, le président al-Charaa a affirmé que c’est un territoire syrien, et la Syrie doit jouir de la liberté de gérer ses propres territoires, « ‘’Israël’’ a occupé le Golan syrien sous prétexte de se protéger, et impose maintenant ses conditions dans le sud de la Syrie pour protéger le Golan.
La relation avec la Russie
Et concernant les relations avec la Russie, le président al-Charaa a dit : « Nous avons besoin de la Russie car elle est membre permanent du Conseil de sécurité. Nous avons besoin de son vote pour qu’elle soit à nos côtés dans certaines affaires. Nous avons des intérêts stratégiques avec elle, et nous ne voulons pas pousser la Russie vers des options alternatives dans son traitement avec la Syrie ».
Le président al-Charaa a enfin souligné que la question de Bachar al-Assad est problématique pour la Russie, « Nous maintiendrions notre droit en tant que Syriens de demander le procès d’al-Assad », a-t-il conclu.
R.S./ L.S