Interrogés pendant leur garde à vue, les deux suspects ont démenti leur implication dans le vol, dont le butin a été estimé à 88 millions d’euros, selon la procureure de la République de Paris.
Deux personnes, âgées de 37 ans et 38 ans, interpellées mercredi avec trois autres suspects dans l’enquête sur le casse du Louvre, ont été mises en examen, a déclaré la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, samedi 1er novembre au journal français « Le Monde ».
Le premier mis en cause, « connu de l’autorité judiciaire notamment pour des faits de vol », a été mis en examen pour « vols en bande organisée » et « association de malfaiteurs en vue de la préparation du crime de vol en bande organisée ». Il est incarcéré provisoirement en l’attente d’un débat différé « qui aura lieu dans les prochains jours », a précisé la magistrate.
Et de poursuivre : « La seconde personne a été mise en examen pour « complicité de vol commis en bande organisée » et « association de malfaiteurs en vue de la préparation du crime de vol en bande organisée ». Elle a été placée en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention, conformément aux réquisitions du parquet. Les gardes à vue des trois autres personnes interpellées le 29 octobre ont quant à elles été levées ».
La magistrate a ajouté : « Interrogés pendant leur garde à vue, les deux suspects ont démenti leur implication dans le vol, dont le butin a été estimé à 88 millions d’euros ».
Beccuau a fait savoir que les cinq interpellations de mercredi se sont ajoutées à celles de deux trentenaires arrêtés il y a une semaine et qui sont soupçonnés d’avoir fait partie du commando de quatre hommes sur place. Ces deux habitants d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), âgés de 34 et 39 ans, ont été mis en examen et placés en détention provisoire mercredi soir. « En garde à vue, ces deux hommes, un arrêté à l’aéroport de Roissy alors qu’il tentait de rejoindre l’Algérie, l’autre à Aubervilliers, « se sont livrés à des déclarations minimalistes par rapport à ce qui nous paraît être démontré par le dossier », avait rapporté la procureure de Paris, Laure Beccuau.
Parmi les nouveaux interpellés se trouve un autre membre présumé du commando ayant commis le vol, avait-elle précisé. Les autres personnes interpellées « peuvent éventuellement nous renseigner sur le déroulement de ces faits », avait déclaré la procureure. Ces nouvelles interpellations « n’ont pas été du tout liées aux déclarations » des deux mis en examen, mais « à d’autres éléments dont nous disposons au dossier », les traces ADN, la vidéosurveillance ou encore l’examen de la téléphonie, avait ajouté Mme Beccuau.
Concernant les bijoux, la procureure avait expliqué que l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) explorait « un certain nombre de marchés parallèles », car ce n’est vraisemblablement pas sur le marché légal des œuvres d’art qu’ils surgiront. Parmi les hypothèses des enquêteurs : celle que ces joyaux puissent « être une marchandise de blanchiment, voire de négociation dans le milieu », avait pointé Mme Beccuau.
L’affaire a provoqué des débats-fleuves sur la sécurité du Musée du Louvre, le plus visité du monde. La ministre de la culture, Rachida Dati, a dévoilé vendredi les premières conclusions de l’enquête de l’inspection générale des affaires culturelles, avec un bilan très critique : « une sous-estimation chronique, structurelle, du risque intrusion et vol » par le Louvre, « un sous-équipement des dispositifs de sécurité », une gouvernance « pas adaptée » et des protocoles de réaction aux vols et intrusions « totalement obsolètes ».
Le jour du casse, les quatre malfaiteurs avaient pu garer un camion-élévateur au pied du musée, permettant à deux d’entre eux de se hisser avec une nacelle jusqu’à la galerie d’Apollon où sont conservés les joyaux de la Couronne.
Tout en réaffirmant que les dispositifs de sécurité à l’intérieur du Louvre avaient fonctionné, Mme Dati a annoncé des mesures pour répondre à une « faille sécuritaire majeure » à l’extérieur du musée. « Nous allons mettre des dispositifs anti-voitures-béliers, anti-intrusion », a-t-elle annoncé, assurant que ces nouvelles installations seraient en place « avant la fin de l’année ».
A.Ch.