Damas, (SANA)- En reconnaissance de ses efforts personnels déployés depuis plus d’une décennie pour collecter et documenter une archive complète marquant les étapes de la révolution syrienne, ainsi que les événements, sacrifices et souffrances qui l’ont accompagnée, le ministère de la Culture a honoré hier le chercheur Tamer Turkmani, lors d’une cérémonie et un séminaire de dialogue, tenus à la Bibliothèque nationale de Damas.
C’était en présence d’un large public composé d’intellectuels, de journalistes, de chercheurs et de personnes intéressées.
Archive comprenant 3,5 millions de documents… un témoin vivant d’une période cruciale
Lors du séminaire de dialogue modéré par le journaliste Humam Habib, Turkmani a fait allusion au parcours d’élaborer l’archive, commencée comme une initiative personnelle en 2014 avant de se transformer en un vaste projet national.
Il a expliqué que l’archive comprend 3,5 millions de fichiers répartis en 2,4 millions de vidéos, 160 000 photographies, 650 000 articles et rapports médiatiques, ainsi qu’un grand nombre de livres, volumes, documents, périodiques et brochures, en plus de milliers de fichiers liés aux régions ciblées durant les années de la révolution.

Turkmani a souligné que son objectif principal était de « garder la vérité de l’oubli » et de documenter les violations et les crimes commis par le régime déchu contre le peuple syrien, présentant l’archive comme une mémoire collective pour le peuple et une référence pour les chercheurs et les institutions nationales.
Défis techniques et sécuritaires
Turkmani a expliqué que la documentation n’avait pas été facile, en raison de grandes difficultés techniques liées à l’enregistrement des données, en plus de pressions sécuritaires et psychologiques.
Il l’a réalisée via des efforts personnels et un financement limité provenant de modestes dons, afin de préserver l’indépendance de son travail.
Il a indiqué avoir refusé des offres financières et politiques visant à acquérir l’archive, pour ne pas permettre son exploitation ou son utilisation en dehors de l’intérêt national.
L’archive sur la voie de la justice à venir
Selon Turkmani, l’archive de la révolution peut jouer un rôle axial dans les processus de justice transitionnelle, en fournissant des preuves documentées sur les violations commises contre les Syriens.
Il a affirmé sa disposition à coopérer pleinement avec les institutions de l’État et les parties concernées dans ce domaine.
Récupération de l’identité nationale après des années de marginalisation
Lors de la cérémonie, le ministre de la Culture, Mohammed Yassin Al-Saleh a affirmé que l’hommage rendu à Turkmani est un hommage à tous les hommes libres qui ont préservé la voix du peuple et sa mémoire.
Le ministre Al-Saleh a souligné la nécessité de conjuguer les efforts pour façonner une nouvelle étape fondée sur la citoyenneté, l’appartenance et la justice.
L’hommage est une reconnaissance officielle des sacrifices des journalistes et des documentalistes
Dans une déclaration qu’il a donnée au correspondant de SANA, Turkmani a dit que l’hommage du ministère de la Culture représente un hommage à tous ceux qui ont donné leur vie pour documenter la vérité syrienne.
Il a exprimé sa gratitude pour cette initiative qu’il a qualifiée de pas important vers la récupération du droit de documenter librement et vers la valorisation de la lutte médiatique menée dans des conditions exceptionnelles.
Préserver la mémoire est une nécessité pour les générations et pour les études académiques
Pour sa part, le directeur de la Bibliothèque nationale, Saïd Hijazi, a affirmé dans une déclaration similaire que l’archive réunie par Turkmani constitue « une partie essentielle de l’archive nationale syrienne ».

Et Hijazi d’ajouter : « Documenter cette époque est une nécessité pour protéger la mémoire du peuple et éviter la répétition des erreurs, et pour répondre aux besoins des chercheurs et universitaires qui souhaitent mener des études scientifiques précises sur l’une des périodes les plus importantes de l’histoire du pays ».
Un effort individuel qui se transforme en mémoire nationale
Cet hommage s’inscrit dans une démarche nationale globale visant à préserver la mémoire et l’histoire des Syriens, et à renforcer les initiatives de documentation qui contribuent au service du savoir, de la justice et de l’identité nationale.

Ib.I. / R.F.