Idleb-SANA
La citadelle de Harem, située au nord-ouest de la ville d’Idleb, est un témoin précieux de l’architecture et du patrimoine syrien, marquée par des siècles d’histoire militaire et religieuse. Ce site stratégique, implanté à 136 mètres d’altitude, surplombe la région et illustre l’évolution des fortifications à travers les âges.
Édifiée sur une colline naturelle, la citadelle occupe une superficie de 4,5 hectares. Elle se dresse comme une forteresse imprenable face aux invasions successives, offrant une vue imprenable sur les routes reliant Alep, Antioche et Al-Qods. Selon Amal Nasr Hussein, conservatrice du musée d’Idleb, « la citadelle de Harem représente un modèle exceptionnel d’architecture militaire, aux influences diverses, en particulier celles des Ayyoubides et des Mameloukes ».
La citadelle se distingue par sa conception stratégique, similaire à celle de la citadelle d’Antioche, avec un tunnel souterrain reliant les deux fortifications. Ce passage permettait non seulement une meilleure défense, mais aussi des échanges commerciaux. L’importance de ce site, tant historique que militaire, a fait de lui un bastion de première importance à travers les époques.
Un Site aux Origines Anciennes
Les premières traces d’occupation de la citadelle remontent au VIe siècle avant J.-C., durant la période achéménide. Des fouilles menées entre 1999 et 2002 par une mission syro-italienne ont permis de mettre au jour des vestiges datant de cette époque. À l’origine, les Romains y édifièrent une petite forteresse sur une colline artificielle, avant que les Byzantins n’en fassent un véritable bastion. La citadelle prit sa forme actuelle sous la reconstruction de Salah al-Din al-Ayoubi au XIIe siècle, puis fut renforcée par le sultan mamelouk al-Zahir Baybars.
Architecture et Défenses Solides
L’architecture de la citadelle, typique des fortifications du Moyen Âge, témoigne de la sophistication des constructions défensives de l’époque islamique. La citadelle est entourée d’un fossé profond taillé dans la roche, suivi d’une pente rocheuse et d’un mur extérieur flanqué de tours dotées de meurtrières. L’entrée principale, protégée par deux tours, mène à un parcours complexe à travers des couloirs voûtés.
À l’intérieur, la citadelle abrite un marché commercial avec 12 boutiques et des entrepôts, ainsi qu’un bain public et une vaste salle de réception. La section est, le Dar al-Imara, regroupe des salles et des pièces, tandis qu’à proximité se trouvent un bain royal privé.
Un Patrimoine à Préserver
La citadelle de Harem est un symbole majeur de la richesse historique et culturelle de la Syrie. Elle illustre non seulement les prouesses architecturales de ses bâtisseurs, mais aussi la résilience de la région face aux invasions et aux bouleversements au fil des siècles. Malgré les défis actuels, elle reste un pilier incontournable du patrimoine syrien, méritant d’être préservée comme un site emblématique de l’identité historique et culturelle de la Syrie.
La citadelle de Harem continue de fasciner chercheurs et historiens, et demeure une référence de l’architecture militaire islamique et de l’ingéniosité défensive au Moyen Âge.




R.S. / L.S.