Alep-SANA
Parmi les arcades du vieux quartier commerçant au cœur d’Alep, et à proximité des souks couverts, se trouve le Khan Khair Bek, témoin du glorieux passé commercial qu’a connu la ville pendant des siècles.
Ce khan historique est considéré comme l’un des plus importants ayant prospéré le long de la Route de la Soie, et servit de lieu de repos important pour les caravanes et de point d’accueil pour les commerçants venus de diverses régions.
Témoin de la grandeur de la civilisation islamique
Construit durant la période mamelouke-ottomane, le Khan Khair Bek se distingue par sa vaste cour centrale entourée de chambres et d’arcades au style architectural ottoman authentique.
Ce lieu servait autrefois d’entrepôt pour les marchandises, d’hébergement pour les commerçants et de carrefour pour les transactions commerciales. Ses détails en pierre finement travaillés et son grand portail, par lequel passaient les charrettes, témoignent de l’intense activité commerciale qu’il a connue durant les périodes de prospérité de la ville.
La façade, de style ablaq caractéristique, alterne pierre noire et blanche, tandis que la porte en bois sculpté porte des inscriptions datant sa construction. Quant à sa vaste cour, elle abrite plus d’une dizaine de coupoles en pierre qui renforcent la beauté et la majesté du lieu.
Le Khan à travers l’histoire
Dans une déclaration au correspondant de SANA , le chercheur historique spécialisé dans les antiquités d’Alep, Ahmad Al-Gharib, a indiqué que le khan remonte à la fin de l’ère mamelouke et a ensuite été utilisé pendant l’époque ottomane comme un centre commercial principal.
Il a précisé que le khan fut construit en 1514 après J.C (920 de l’Hégire) par l’émir Khair Bek, dernier gouverneur mamelouk d’Alep, qui prit le pouvoir après la bataille de Marj Dabiq. Il a souligné que le Khan constitue un registre de pierre retraçant l’évolution de l’architecture commerciale à Alep, combinant le style mamelouk tardif et ottoman précoce, ce qui en fait un témoin de la continuité d’Alep en tant que centre économique mondial sur la Route de la Soie.
De son côté, l’architecte Thouraya Zreiq, chercheuse en patrimoine urbain d’Alep, a expliqué que le Khan Khair Bek constitue un modèle unique illustrant l’harmonie entre l’esthétique fonctionnelle et la précision technique dans l’architecture des Khans.
Zreiq a déclaré que l’importance du khan ne réside pas uniquement dans sa valeur esthétique, mais aussi dans son rôle de document vivant racontant l’histoire du commerce à Alep. Pendant des siècles, il a constitué un point de rencontre entre les commerçants de l’Orient et de l’Occident, et un centre d’échange de marchandises et de cultures sur la Route de la Soie.
Fermeté face aux défis
Zreiq a ajouté qu’au cours du XXe siècle, le paysage commercial d’Alep a connu des transformations qui ont amoindri le rôle traditionnel des khans. Mais, le Khan Khair Bek est resté immuable, préservant entre ses murs les traces des voyageurs, des marchés et de l’esprit vivant de la ville.
Elle a précisé que, malgré les dommages subis pendant la guerre, le khan conserve une grande partie de ses caractéristiques originelles, ce qui en fait une priorité dans les projets de restauration et de préservation du patrimoine de la vieille ville.
Elle a affirmé que sa réhabilitation ne signifie pas seulement sauver un édifice historique, mais raviver la mémoire commerciale d’Alep et son identité architecturale unique.
Elle a conclu : « Le Khan Khair Bek n’est pas simplement un bâtiment de pierre, c’est le cœur de la mémoire de la ville, un témoin de l’esprit d’Alep qui ne s’éteint jamais, quel que soit le temps qui passe ».




R.khallouf/ R.Fawaz