Damas – SANA
La tannerie en Syrie a constitué dans des étapes antérieures, l’un des piliers économiques importants de l’économie nationale, en raison de sa capacité à créer des emplois, à soutenir les exportations et à fournir des devises étrangères, en plus de sa valeur patrimoniale. Toutefois, elle fait aujourd’hui face à de nombreux défis menaçant sa pérennité, telles que la concurrence externe, la fuite des cerveaux et l’incapacité à suivre le rythme des développements de cette industrie dans le monde.
Dans une déclaration à SANA, le président du comité de la tannerie à la Chambre d’industrie de Damas et sa banlieue, Bilal Ayoub, a affirmé que l’industrie du cuir en Syrie a connu un développement notable au cours des dernières décennies, avec une combinaison entre les techniques traditionnelles comme le tannage végétal et les techniques modernes dont le tannage au chrome.
Défis économiques et marketing de l’industrie syrienne du cuir
Ayoub a indiqué que les principaux défis auxquels cette industrie est confrontée sont liés à la concurrence déloyale avec les produits importés, en particulier les chaussures en plastique de bon marché provenant des marchés asiatiques, qui portent un coup dur à la production locale.
Ayoub a également fait savoir que la faiblesse de la promotion et le manque d’expansion dans les salons internationaux, ainsi que l’insuffisance de la notoriété du produit syrien, constituent des obstacles majeurs à la croissance de cette industrie, en plus les anciennes restrictions nuisent à l’industrie syrienne.
Une vision pour faire avancer le secteur
Ayoub a appelé au lancement d’un plan national global de développement pour dynamiser cette industrie vitale. Ce plan devrait inclure un soutien gouvernemental structuré à l’exportation et à la promotion des produits en cuir finis, que ce soit via les plateformes électroniques ou les salons internationaux, soulignant l’importance d’imposer, sur les marchés locaux, l’apposition d’une étiquette d’identification précisant si le produit est en cuir naturel ou synthétique, afin de renforcer la transparence et protéger le consommateur.
Ayoub a également insisté sur la nécessité de fournir des prêts à taux préférentiels pour moderniser les installations industrielles et améliorer la qualité des produits par l’introduction de technologies écologiques.
Ayoub a précisé que l’Italie constitue actuellement le marché le plus important pour les cuirs tannés syriens, en plus l’Irak et plusieurs pays du Golfe, caractérisés par un fort pouvoir d’achat et un intérêt marqué pour les produits en cuir.
De son côté, le vice-président du comité de la tannerie, Jihad Al-Chami, a affirmé que ce secteur historique fait face à une crise réelle qui pourrait entraîner la fermeture de nombreuses usines dans un avenir proche, en raison de défis complexes ayant eu un impact négatif sur la performance industrielle ainsi que sur les marchés locaux et mondiaux.
Il a expliqué que l’industrie du cuir en Syrie repose sur trois principales techniques de tannage : végétale, au chrome et mixte indiquant que le choix de la méthode dépend de la nature du cuir et des produits finis souhaités.
Les étapes du tannage moderne
Al-Chami a indiqué que le processus moderne de tannage commence par la conservation des peaux par salage ou congélation pour éviter leur décomposition. Ensuite, elles sont lavées pour éliminer les impuretés, puis débarrassées des résidus de chair et de graisse à l’aide de machines spécialisées. Les poils sont retirés par trempage dans des solutions chimiques comme la chaux et le sulfure de sodium. Enfin, le tannage proprement dit est réalisé avec des agents végétaux, chromiques ou autres. « Puis les étapes se poursuivent, par la teinture et la finition du cuir, incluant sa coloration et son traitement avec des matières grasses et des huiles pour garantir sa souplesse », a-t-il ajouté.
Ouverture des imports et migration des compétences
Chami a fait savoir que l’ouverture à l’importation de chaussures industrielles à bas prix a porté atteinte à l’industrie nationale du cuir, souligne que ce phénomène, combiné à la fuite des compétences et à la baisse du pouvoir d’achat, a contribué à la dégradation de ce secteur, appelant à prendre des mesures urgentes pour son développement.
Al-Chami a fait noter que la Syrie exporte actuellement des peaux de mouton semi-transformées vers l’Italie et l’Inde, ainsi que des peaux de vache en phase de tannage végétal vers l’Italie.
Le membre du Conseil de la Chambre d’industrie de Damas et responsable du secteur chimique, Mme Wafaa Abou Lebdeh, a souligné l’importance de soutenir les exportations en tant que première étape essentielle pour stimuler cette industrie, en plus d’une participation active aux expositions internationales.


R.khallouf/R.Bittar