Par le ministre de l’Information Hamza Al-Moustafa – Journal Al-Thawra
La visite du président Ahmad al-Charaa à Washington et sa rencontre avec le président Donald Trump à la Maison-Blanche dépassent le cadre protocolaire et diplomatique traditionnel, ouvrant la voie à de nouvelles perspectives politiques et stratégiques qui reflètent une transformation profonde de la position de la Syrie et de son approche des enjeux régionaux et mondiaux, tout en traduisant un changement accumulé dans la perception des puissances internationales et régionales à son égard.
Cette visite s’inscrit dans les moments historiques de la diplomatie syrienne. Qu’un président syrien soit reçu pour la première fois à la Maison-Blanche marque une transformation radicale dans l’image de la Syrie, passant d’un dossier sécuritaire et source de crises à un État actif, porteur d’initiatives, recherchant des partenariats régionaux et internationaux fondés sur l’intérêt mutuel plutôt que sur des alignements temporaires ou une implication forcée dans des sphères d’influence.
L’interprétation la plus significative est que la diplomatie syrienne a réussi, en peu de temps, à opérer une transformation positive et durable, contrastant totalement avec l’isolement international vécu sous le régime déchu.
Le cœur du message réside dans le fait que la nouvelle Syrie agit avec une pensée stratégique, ne se limitant pas aux réactions ni à une posture d’État subordonné, mais incarnant un modèle d’État capable de garantir ses intérêts internes tout en s’ouvrant positivement à des partenariats régionaux et mondiaux.
Ce n’est pas un simple passage symbolique, mais un tournant qui redéfinit la place et le rôle de la Syrie dans la région, en la libérant des scénarios et accumulations qui la reléguaient en dessous du statut d’État.
Cette visite porte en elle une tentative consciente de refonder les relations entre Damas et les capitales décisionnelles mondiales sur une nouvelle équation, centrée sur l’intérêt national suprême, et non uniquement sur les équilibres de puissance externes. Il est clair que le changement de position américaine n’est pas dissocié du moment syrien nouveau, post-victoire, que le président al-Charaa a su orienter et transformer en opportunités.
La première rencontre entre al-Charaa et Trump à Riyad s’est déroulée dans ce contexte et a constitué le point de départ qui a ouvert la voie à un développement constant des relations entre les deux pays, dans lequel Washington traite Damas comme un « partenaire » de la stabilité régionale, et non comme un obstacle ou un facteur de crises.
Il convient également de noter la conscience syrienne de la complexité profonde des relations internationales, notamment en ce qui concerne les politiques d’axes et de polarisation. Depuis la libération, Damas a opté pour une stratégie d’équilibre, évitant les pièges de la confrontation ou des alliances exclusives, préférant une manœuvre intelligente fondée sur la flexibilité de l’intérêt national.
Dans ce contexte, la visite d’ Al-Charaa à Moscou visait à redéfinir les relations sur de nouvelles bases, rompant avec la dépendance instaurée par le régime déchu, tout en tenant compte de la conscience syrienne des capacités et de l’efficacité de la Russie dans le dossier syrien – notamment son droit de veto et sa présence militaire. Dans le même esprit, une visite prochaine en Chine est en préparation, s’inscrivant dans une démarche de diplomatie équilibrée et de diversification des relations.
Dans un cadre parallèle, Damas tire des leçons des expériences arabes passées dans leurs relations avec les États-Unis, évitant de fonder ses liens sur des individus ou des partis au pouvoir. Elle cherche plutôt à établir un partenariat institutionnel profond et durable, capable de traverser les administrations et de résister aux fluctuations.
Cette transformation offre à la Syrie des gains directs, notamment en assumant seule la mission de vaincre cette organisation, en renforçant ses capacités sécuritaires et son niveau de coopération internationale, en éliminant les justifications du maintien de forces étrangères sur son sol à court terme, et en ouvrant la voie à un renforcement de la coopération régionale, étant donné l’implication des principaux alliés de la Syrie dans cette coalition.
Cela pourrait lever les derniers obstacles entravant la levée des sanctions qui constituent un frein majeur à la reconstruction de la Syrie et au bien-être de son peuple, après de longues années d’appauvrissement systématique imposé par une famille qui en a fait le fondement de sa pérennité au pouvoir.
La phase qui suivra la visite d’ al-Charaa à la Maison-Blanche ne sera pas une répétition des récits du passé, mais une opportunité pour consolider le nouveau chemin de la Syrie : un État fort et libre, non plus un champ de confrontation ou de règlements de comptes.
Il incombe aux décideurs syriens de poursuivre la voie d’une diplomatie intelligente et de tirer parti des mutations internationales et régionales, afin de servir les intérêts nationaux et de renforcer la position de la Syrie en tant qu’État influent, acteur de sa politique à la table des partenariats équitables, et non en marge des événements.
Adnan /Raghda