Damas-SANA
Le président Ahmad al-Al-Charaa a souligné que la libération de la Syrie a formé un tournant historique qui a mis fin à plus de quatre décennies d’isolement. Il a souligné que la communauté internationale avait beaucoup souffert de l’éloignement de la Syrie de son environnement international, surtout qu’elle occupe une position stratégique centrale reliant l’Orient et l’Occident sur la Route de la Soie historique.
Dans une interview accordée à la chaîne américaine CBS News, le président al-Charaa a indiqué que la Syrie avait été, ces dernières années, une source de migration, un centre de production de Captagon et d’utilisation d’armes chimiques et le théâtre de conflits régionaux et internationaux complexes. « Cette situation a rendu toute solution politique impossible en raison des intérêts interdépendants des grandes puissances, des pays de la région et d’Israël », a-t-il fait savoir.
Le président al-Charaa a ajouté que la libération de la Syrie a offert une opportunité historique pour la région et le monde, car le pays avait rétabli des relations normales avec les pays de la région et du monde, ouvert la voie à l’investissement et à la reconstruction et retrouvé son siège aux Nations Unies. Il a appelé la Communauté internationale à lever les sanctions qui entravent le progrès et la stabilité de la Syrie.
Concernant Israël, le président al-Charaa a souligné que la Syrie n’avait commis aucune provocation et avait clairement déclaré qu’elle ne servirait de base à aucune menace envers un pays voisin, y compris Israël. Cependant, Israël a mené plus de 1 000 frappes aériennes et 400 incursions en territoire syrien depuis la chute du régime, ciblant des sites militaires et civils, et même le palais présidentiel. Il a souligné que ces attaques constituent une déclaration de guerre, avertissant que la violation continue des normes internationales par Israël pourrait plonger la région dans le chaos.
Le président al-Charaa a réitéré l’engagement de la Syrie envers l’accord de désengagement de 1974 et s’est déclaré disposé à accueillir la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), mais Israël a refusé son retour.
Il a affirmé la poursuite du processus de négociation parrainé par les États-Unis en vue de parvenir à un nouvel accord de sécurité, mais la politique israélienne n’indique pas qu’il s’engagera à mettre en œuvre un éventuel accord futur.
Le président al-Charaa a souligné que le plateau du Golan est un territoire syrien occupé depuis 1967 et que sa restitution est un droit légitime que la Syrie recherche par la négociation et par des moyens pacifiques, conformément au droit international et aux résolutions de l’ONU.
Le président al-Charaa a ajouté que la Syrie est réapparue sous une nouvelle forme politique après des années d’isolement et elle cherche désormais à établir des alliances équilibrées avec l’Occident et les États-Unis, ainsi qu’avec des pays de la région comme l’Arabie saoudite et la Turquie. « La Syrie entretient actuellement des relations calmes et stables avec la Russie et la Chine, fondées sur des intérêts stratégiques communs », a-t-il précisé, soulignant que les deux pays avaient envoyé des messages positifs de soutien à la Syrie et que ces relations n’étaient pas incompatibles avec celles de la Syrie avec l’Occident ou les États-Unis.
Le président al-Chara a ajouté que la libération de la Syrie, le 8 décembre, s’était déroulée sans déplacement ni représailles. Cependant, certaines parties ont tenté de semer le chaos dans la région côtière et à Soueida, instrumentalisant la question des minorités pour promouvoir des intérêts étrangers. « Certaines de ces attaques sont le résultat de l’héritage de l’ancien régime, qui avait semé la discorde au sein du peuple syrien. Il a noté que la Syrie avait, pour la première fois, autorisé l’entrée en Syrie de commissions de l’ONU pour enquêter sur ces événements.
Le président al-Charaa a souligné que la Syrie est un État de droit et de citoyenneté. « Depuis la libération, la Syrie a entrepris de construire un nouveau système politique par le biais d’un dialogue national global et de la formation d’un gouvernement diversifié composé de ministres issus de diverses couches de la population syrienne, sans recourir à des quotas, mais en s’appuyant sur les principes de compétence et de participation », a fait savoir le président al-Charaa, précisant que la Syrie traverse une phase de transition nécessitant des années de travail pour surmonter les difficultés et que les résultats obtenus en huit mois constituent une avancée significative.
Concernant le dossier du nord-est de la Syrie, le président al-Charaa a affirmé que l’accord du 10 mars avec les FDS bénéficie d’une large conviction populaire et garantit les droits des Kurdes dans la Constitution syrienne. Il a également souligné que toute spécificité culturelle ou sociale de la composante kurde sera protégée par la loi, insistant sur le rejet de toute ambition séparatiste, surtout que la majorité de la population de la région est arabe et étroitement liée à l’État syrien, même au sein de la communauté kurde, il n’existe pas de consensus complet sur les FDS.
Le président al-Charaa a rappelé que les FDS sont nées pendant la guerre contre Daech avec le soutien des États-Unis et de certains pays occidentaux, mais la présence continue de tels réseaux n’est plus nécessaire depuis la reprise du contrôle par l’État syrien. Il a expliqué que ces divisions militaires et sécuritaires affaiblissent l’unité du pays et menacent sa stabilité.
Le président al-Charaa a indiqué qu’un objectif clair avait été fixé depuis la libération : que les armes soient entre les mains exclusives de l’État et que toute multiplication de groupes armés entraînerait des troubles sécuritaires internes qui se répercuteraient dans toute la région.
Le président al-Charaa a évoqué son expérience personnelle de la guerre contre Daech, qui s’est étendue sur plus de dix ans, soulignant que la Syrie possède aujourd’hui une solide expérience dans la lutte contre ce groupe, notamment dans la gestion de dossiers sensibles comme celui du camp d’al-Hol, qui représente une menace sécuritaire croissante en raison de l’idéologie extrémiste qui y émerge.
Le président al-Charaa a expliqué que le gouvernement syrien est l’instance habilitée à traiter directement cette question, et non les autorités du nord-est du pays. Il a rappelé que le gouvernement s’est adressé aux États-Unis et aux autres pays concernés dès le premier jour, soulignant que la Syrie est capable de relever seule ces défis, mais qu’elle n’hésite pas à demander une assistance technique ou informationnelle si nécessaire.
Le président al-Charaa a salué la décision du président américain Donald Trump de lever les sanctions contre la Syrie, la qualifiant d’initiative audacieuse et historique, témoignant de la conscience américaine de l’importance de la stabilité et de l’unité du pays. Il a appelé toutes les institutions américaines, y compris la Chambre des représentants, à suivre son exemple et à lever sans hésiter les sanctions afin de permettre aux Syriens de reconstruire leur pays. Il a également appelé au rétablissement des relations entre Damas et Washington sur des bases solides, au service des intérêts communs.
Le Président Al-Charaa a souligné que la Syrie disposait de ressources humaines et de compétences nationales importantes et qu’elle avait récemment attiré un grand nombre de Syriens formés dans des universités internationales de premier plan. Ces cadres, sélectionnés pour leurs compétences et leur expérience, représentent la plus grande richesse nationale. Il a souligné que la Syrie était désormais sur la voie du redressement et avait besoin d’un soutien réel de la communauté internationale.
Le Président al-Charaa a précisé que la Syrie était désormais prête à entrer dans une nouvelle phase de croissance économique, bénéficiant de la diversité de ses ressources humaines et de sa situation géographique stratégique. Il a noté que la Syrie constitue désormais un havre de paix pour les investissements dans les secteurs du tourisme, de l’agriculture et de l’industrie, offrant un environnement attractif pour les entreprises internationales grâce à la baisse des coûts de main-d’œuvre et à la disponibilité des infrastructures nécessaires. Il a également souligné que la Syrie constitue une destination d’investissement prometteuse, notamment dans les secteurs de l’énergie et de l’immobilier, et pouvait jouer un rôle essentiel pour soutenir les chaînes d’approvisionnement mondiales et répondre aux besoins énergétiques de l’Europe.
Le président al-Charaa a souligné que la reconstruction de la Syrie était une responsabilité collective qui ne pouvait être assumée par un seul individu ou une seule entité. Il a ajouté que la phase actuelle exige les efforts concertés de tous les cadres syriens, tant en Syrie qu’à l’étranger, pour contribuer à la reconstruction du pays.
« L’ère de l’autorité unique est révolue. Aujourd’hui, la responsabilité est partagée entre l’État et le peuple. Tous ceux qui peuvent contribuer à la construction de la Syrie doivent y participer », a-t-il conclu.
Raghda Bittar