Damas – SANA / Le chargé d’affaires de l’ambassade du Soudan à Damas, Ahmad Ibrahim Hassan, a affirmé que la ville d’El-Fasher, capitale de la région du Darfour, a connu une catastrophe humanitaire, des massacres et des crimes contre l’humanité visant des milliers de civils lors de l’entrée de la milice des « Forces de soutien rapide » dans la ville le mois dernier, en violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et du droit international humanitaire.
Hassan a indiqué, lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui au siège de l’ambassade à Damas, que plus de cinq mille personnes ont été tuées en moins de 48 heures, parmi elles des malades, des femmes, des enfants et des personnes âgées. Il a souligné que le siège de la ville a duré plus de 570 jours, entraînant un effondrement total des services ainsi qu’une coupure d’électricité, d’eau et de communications.
Hassan a précisé que la ville d’El-Fasher, qui constitue le centre économique et politique du Darfour, a subi 264 attaques armées de la milice des Forces de soutien rapide, laquelle a imposé un blocus militaire autour de la ville et empêché l’arrivée des aides humanitaires, malgré la résolution 2736 du Conseil de sécurité de l’ONU en 2024 ordonnant la levée du siège. Il a expliqué que les forces armées soudanaises ont résisté pendant plus d’un an et demi avant de se redéployer le 26 du mois dernier, ce qui a permis aux miliciens d’entrer dans la ville et de commettre des massacres à grande échelle.
Le chargé d’affaires a expliqué que la milice des Forces de soutien rapide a mené des exécutions massives sur des bases tribales et ethniques, empêché les civils de fuir, creusé des fossés pour exécuter les fugitifs, incendié des maisons et des hôpitaux et pillé des biens. Il a confirmé que des rapports des Nations Unies et d’organisations humanitaires ont documenté de graves violations, incluant des meurtres et des violences physiques. En outre, environ 400 000 habitants de la ville ont été déplacés de leurs foyers, une partie ayant rejoint des camps situés à environ 50 kilomètres de la ville et d’autres le nord du Soudan.
Il a ajouté : « Selon des rapports d’organisations humanitaires et onusiennes, dont l’Organisation mondiale de la santé, des centaines de patients et leurs accompagnateurs ont été tués à l’hôpital saoudien de la ville d’El-Fasher. La ville a également subi des incendies, des pillages, l’effondrement des services de santé et d’éducation, ainsi que des coupures d’eau, d’électricité et de communications. »
Hassan a indiqué que le conflit au Soudan a commencé en 2023 lorsque les Forces de soutien rapide, formations paramilitaires créées en 2013 pour appuyer l’armée dans la lutte contre l’insurrection, se sont révoltées. Elles se sont ensuite transformées en une force indépendante cherchant à s’emparer du pouvoir, profitant de la situation de transition après la chute du régime du président Omar el-Béchir en 2019.
Le chargé d’affaires de l’ambassade du Soudan a précisé que les Forces de soutien rapide se sont considérablement développées ces dernières années, atteignant environ cent mille combattants en 2021. Dotées de financements extérieurs et d’armements, elles ont tenté en 2023 de s’emparer du pouvoir par un coup d’État. Il a ajouté qu’elles s’étaient déployées dans les dix-huit gouvernorats soudanais et avaient établi des sièges dans des institutions vitales, avant que les forces armées ne parviennent à les déloger de la plupart des sites et à les contenir au Darfour.
Hassan a souligné que le gouvernement soudanais avait constaté la présence de mercenaires originaires de plusieurs pays combattant aux côtés de la milice, ce qui a été officiellement documenté dans les plaintes adressées au Conseil de sécurité. Il a indiqué que la milice avait imposé un siège sur El-Fasher et abattu des avions transportant de l’aide humanitaire après avoir obtenu des armes antiaériennes.
Hassan a affirmé que la situation humanitaire dans la ville était extrêmement dégradée, précisant que le Soudan traverse la plus grave crise humanitaire de son histoire. La guerre a provoqué le déplacement de plus de 11,2 millions de personnes à l’intérieur du pays et l’exil de 4,8 millions vers l’étranger, soit la moitié de la population. Selon les rapports des Nations unies, 24 millions de Soudanais ont été directement affectés par le conflit.
Hassan a relevé que le gouvernement soudanais facilitait l’acheminement de l’aide humanitaire par treize points de passage terrestres, dont certains avec l’Égypte, le Tchad et le Soudan du Sud, ainsi que par l’exploitation de sept aéroports pour recevoir les cargaisons et offrir des facilités aux acteurs humanitaires. Il a précisé que les Nations unies avaient besoin de 2,2 milliards de dollars pour la réponse humanitaire, dont seulement 26 % ont été mobilisés.
Le chargé d’affaires a indiqué que le gouvernement soudanais avait joué un rôle actif dans la documentation des exactions de la milice et des infiltrations de mercenaires, en fournissant des preuves officielles publiées par des journaux internationaux. Toutefois, la communauté internationale continue de traiter la crise avec une double approche. Il a rappelé que le Soudan avait, dès le début de la guerre, cherché à éviter l’affrontement et participé aux négociations de Djeddah qui avaient abouti, le 11 mai 2023, à un accord de cessez-le-feu, non respecté par la milice.
Hassan a insisté sur le fait que l’ignorance par la communauté internationale des violations commises par la milice à El-Fasher et ailleurs conduirait à la répétition de massacres dans d’autres villes soudanaises. Il a appelé à mettre fin au soutien extérieur aux rebelles et à classer les Forces de soutien rapide comme organisation terroriste.
Hassan a conclu son intervention en réaffirmant que le gouvernement soudanais poursuivait ses efforts pour instaurer une paix globale répondant aux aspirations du peuple soudanais. Il a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures fermes pour dissuader la milice et ses soutiens, et à ouvrir des couloirs humanitaires sûrs pour les civils à El-Fasher et dans les autres zones de conflit.
Adnan / M.Ch.