Damas-SANA
Le mois de septembre en Syrie a un aspect particulier, où se pratiquent des rituels familiaux transmis de génération en génération, connus sous le nom de mouné « les provisions ». Ce moment unique allie travail collectif et préparation pour affronter l’hiver.
Il s’agit de la préparation du makdous, du concentré de tomates et de la pâte de poivron, de la mélasse de grenade et encore du kichk.
À chaque mets préparé, les liens familiaux se renforcent : les membres de la famille coopèrent dans une atmosphère chaleureuse, partageant des expériences, des histoires et des souvenirs. Ce tableau vivant incarne le lien intergénérationnel et évoque de l’attachement profond des Syriens à leurs coutumes et à leur patrimoine culinaire.
Rituels familiaux transmis de génération en génération
Lors de son entretien avec la correspondante de SANA, la grand-mère Sarah Al-Chamali a indiqué qu’elle prépare, depuis plus de six décennies et avec la participation de ses fils, le kichk, le concentré de tomates et le makdous selon les manières transmises par sa mère. Elle affirme que ces traditions héritées représentent une véritable histoire d’amour et de patrimoine, tissant un lien profond entre les générations et conférant au mois de septembre une chaleur particulière à chaque repas partagé.
Mécanismes de préparation des provisions
Al-Chamali explique que le makdous, plat le plus préféré, est fait à partir de jeunes aubergines farcies par un mélange de noix, d’ail, et de piment.

Quant au kichk, du boulgour séché moulu est mélangé à du yaourt et mis à fermenter. Sa préparation se termine par une cuisson progressive jusqu’à l’obtention d’une texture homogène, selon la grande-mère al-Chamali.
La mélasse de tomate et la pâte de poivron nécessitent une cuisson pendant des heures jusqu’à ce que sa saveur soit concentrée et prête à être conservée, tandis que la mélasse de grenade est pressée pour en extraire le jus et cuite pour obtenir une mélasse riche et délicieuse, en tenant compte de l’équilibre entre l’acidité et la douceur, pour que ces plats restent une part intégrante du patrimoine culinaire, explique Al-Chamali.
La mouné constitue une source de revenu pour certaines familles
En effet, plusieurs d’entre elles commercialisent les produits qu’elles préparent afin de compléter leurs revenus, que ce soit sur les marchés locaux ou à travers les réseaux sociaux.
Ainsi, la préparation de la mouné s’est transformée en une véritable opportunité économique pour de nombreux foyers.
Le mouné de septembre… des rituels traditionnels qui rassemblent les familles syriennes
Adnan Tanbakji, président du conseil de l’Association du patrimoine des coutumes authentiques a déclaré que septembre représente la saison du mouné, et que ces coutumes perdurent en Syrie depuis des siècles, avec des manières de préparation et des quantités variantes selon la capacité financière de chaque famille et de chaque gouvernorat.
« La préparation du makdous fait partie intégrante de chaque foyer syrien jusqu’ présent. Où l’odeur de l’huile, des noix et du poivre, se mêle avec l’ambiance chaleureuse des réunions familiales dédiées à cette tradition », a-t-il déclaré.
Tanbakji a conclu : « Ces rituels représentent un pont entre le passé et le présent, reflétant la résilience et la cohésion sociale des Syriens face aux défis de la vie ».

W.H./ R.Fawaz