Idleb – SANA
Au cœur de la ville d’Idleb se dresse un musée considéré comme l’un des plus importants témoins de la civilisation syrienne profondément enracinée dans l’histoire. Le Musée d’Idleb ne se limite pas à exposer des pièces archéologiques, mais constitue également une archive vivante documentant la naissance des premiers royaumes syriens. Il reflète la richesse de la Syrie, berceau des civilisations et carrefour de l’interaction culturelle et humaine à travers les âges.
Des tablettes cunéiformes d’Ebla à la poterie islamique et aux monnaies romaines, ce musée condense l’histoire d’un peuple bâtisseur de civilisation, ayant contribué à façonner l’identité du Proche-Orient ancien. Il demeure un témoin de la grandeur de la Syrie, malgré les défis.
Fondation et emplacement géographique
Situé à l’est de la ville, le Musée d’Idleb fut fondé en 1989 comme centre scientifique et culturel reflétant le patrimoine d’Idleb, riche en sites archéologiques.
Le musée comprend des salles d’exposition intérieures et des espaces extérieurs, abritant des centaines de pièces archéologiques provenant de sites majeurs tels que Tell Mardikh (Ebla), Tell Mastouma et Tell Afis, représentant d’anciens royaumes et centres civilisationnels syriens.
Collections archéologiques retraçant les civilisations
Selon le directeur du Département des Antiquités d’Idleb, le chercheur Hassan Ismaïl, le musée présente une vaste collection couvrant plusieurs époques :
Tablettes d’argile du royaume d’Ebla : découvertes à Tell Mardikh, datant d’environ 2400 av. J.-C., elles constituent des documents administratifs, commerciaux et diplomatiques en écriture cunéiforme, parmi les plus anciennes archives du monde.
Outils en poterie et en pierre : datant de la préhistoire et du Néolithique, illustrant l’évolution de la vie quotidienne et des savoir-faire artisanaux.
Statues et sculptures en basalte : issues des périodes classiques (romaine et byzantine), témoignant de l’art architectural et esthétique de la Syrie antique.
Objets islamiques : tels que des récipients en verre et en céramique, ainsi que des inscriptions datant des périodes omeyyade, abbasside et mamelouke, mettant en lumière le rôle de la Syrie dans la renaissance islamique.
Périodes historiques couvertes
Le musée présente une chronologie précise des civilisations anciennes de Syrie, incluant :
Le Néolithique et les périodes antérieures
L’âge du bronze (2600 – 1200 av. J.-C.)
L’âge du fer (1200 – 500 av. J.-C.)
Les périodes classiques : grecque, romaine, byzantine
Les périodes islamiques anciennes et médiévales
Cette diversité témoigne de la continuité civilisationnelle de la Syrie et de son rôle comme centre d’interaction entre l’Orient et l’Occident.
Importance scientifique et culturelle
Le musée constitue une référence scientifique pour les chercheurs en archéologie, épigraphie et anthropologie. Ses collections ont servi de base à de nombreuses études académiques, tant locales qu’internationales. Avant la révolution syrienne, il jouait également un rôle éducatif et culturel majeur, contribuant à la formation de l’identité culturelle des nouvelles générations.
Défis rencontrés
Comme d’autres institutions culturelles syriennes, le Musée d’Idleb a subi des actes de vandalisme et de destruction durant les années de la révolution, notamment par le régime déchu. Il a été fermé de 2015 à 2018 à cause des bombardements, en particulier sur le mur est, ce qui a conduit à l’ouverture de l’entrepôt et au vol de certaines pièces.
Le musée a été restauré et rouvert en 2018 par le gouvernement de salut où on a trouvé des pièces archéologiques remontant à la préhistoire jusqu’aux périodes islamiques tardives, réparties dans une vingtaine de vitrines organisées chronologiquement.
Des rapports internationaux ont révélé que certaines pièces ont été illégalement exportées hors de Syrie, ce qui nécessite une coordination internationale pour leur restitution, dans le respect de la souveraineté nationale et de la protection du patrimoine syrien.
Le musée et l’identité nationale
Le Musée d’Idleb, par son contenu et son histoire, fait partie intégrante de l’identité nationale syrienne. Sa préservation et sa réhabilitation s’inscrivent dans le cadre des efforts nationaux visant à sauvegarder le patrimoine civilisationnel de la Syrie et à renforcer la culture comme pilier de la reconstruction de l’État et de la société. Les parties culturelles syriennes ont souligné à plusieurs reprises que la protection des musées et des antiquités est une responsabilité nationale et panarabe, en tant que témoins vivants du rôle pionnier de la Syrie dans l’histoire de l’humanité.
Adnan/Raghda



