Damas, (SANA) – L’abolition de la « Loi César » constitue un tournant inédit pour l’économie syrienne. Cette décision a rouvert les portes d’une activité économique restée paralysée pendant de longues années. La loi, imposée par les États-Unis, visait initialement à exercer une pression politique sur le régime déchu, mais elle a fini par figer l’ensemble des secteurs économiques et alourdir considérablement les conditions de vie des Syriens.
Pourquoi la Loi César a-t-elle été imposée ?
La loi est née dans un contexte international complexe, avec pour objectif déclaré de sanctionner les violations commises durant la guerre et de limiter la capacité du pouvoir de l’époque. Ses restrictions ont ciblé les secteurs vitaux du pays : énergie, banques, transports, commerce et investissements. Ainsi, l’économie syrienne s’est retrouvée presque totalement isolée, incapable de produire, d’exporter ou d’attirer des capitaux.
Les banques syriennes ont été coupées du système financier international, ce qui a interrompu le financement du commerce et bloqué les transactions. Les investissements étrangers se sont arrêtés, les importations essentielles sont devenues difficiles, et les coûts de fonctionnement ont explosé. Le chômage s’est accru, la pauvreté s’est généralisée, et le pouvoir d’achat s’est effondré. En parallèle, la monnaie nationale a perdu une grande partie de sa valeur en raison de la pénurie de devises et de l’absence de financements extérieurs.
La situation avant l’abolition de la Loi César
Avant sa suppression, l’économie syrienne était épuisée. Les infrastructures étaient dégradées, les usines à l’arrêt, et l’agriculture fragilisée par les coûts de production. Le secteur énergétique fonctionnait en dessous de ses besoins, les marchés manquaient de produits, les prix augmentaient continuellement et le pouvoir d’achat était au plus bas.
Sur le plan financier, la Banque centrale avait perdu sa capacité à stabiliser la monnaie faute de réserves. Le secteur bancaire, isolé du reste du monde, ne pouvait ni financer le commerce, ni ouvrir des crédits documentaires, ni attirer de capitaux.
En somme, l’économie syrienne n’était pas détruite, mais étouffée.
Ce qui changera après l’abrogation de la Loi César
Depuis l’abrogation de la loi, une nouvelle dynamique économique commencera à émerger. Le retour des échanges bancaires avec l’extérieur permet la reprise des correspondances internationales, des crédits documentaires, du financement commercial et de certains prêts de développement. Cela facilite la réouverture progressive des flux financiers et renforcé la stabilité monétaire et financière.
L’un des premiers signaux positifs a été l’amélioration du taux de change grâce au retour de la confiance, à l’augmentation de l’offre de devises et à la baisse de la demande. Les prix ont commencé à se stabiliser, ce qui a amélioré progressivement le pouvoir d’achat. Parallèlement, les investissements nationaux et étrangers ont recommencé à se développer dans l’industrie, l’agriculture et les services.
L’amélioration du réseau électrique permet la remise en marche d’un grand nombre d’usines et de lignes de production. Le secteur du bâtiment, moteur naturel de la reprise, connaîtra un regain d’activité grâce aux projets d’infrastructures et à la reconstruction, entraînant la création de nombreux emplois et une baisse sensible du chômage.
Le retour des exportations industrielles et agricoles a de nouveau dynamisé le commerce extérieur et renforcé les ressources en devises du pays. Cette relance économique a également commencé à redonner vie à la classe moyenne, tout en réduisant sensiblement les niveaux de pauvreté.
Il est également attendu que l’abolition de la Loi César contribue à réduire nettement le chômage, à offrir des offres d’emploi bien meilleures, à renforcer l’arrivée de capitaux et à accélérer le processus de reconstruction, ouvrant ainsi la voie à une transformation profonde du marché du travail et des secteurs productifs.
Un tournant historique depuis 2011
L’abolition de la Loi César représente certainement l’événement économique le plus important depuis 2011. Bien plus qu’une décision politique, elle constitue le point de départ d’un cycle de croissance, de baisse de l’inflation, d’amélioration de la production nationale, de retour des investissements, d’élargissement de l’emploi, d’augmentation du pouvoir d’achat et de réactivation des secteurs vitaux du pays.
Le chemin vers un redressement complet reste encore long, mais cette décision marque un début solide et réel. Elle ouvre une nouvelle phase dans laquelle la confiance se reconstruit et où l’économie, longtemps entravée, retrouve enfin sa capacité d’agir et de se développer.
André Chatta