Hama-SANA
Chaque automne, la mémoire des habitants des villages de la région de Masyaf, dans la banlieue ouest du gouvernorat de Hama, revient à un plat traditionnel authentique appelé « Habool » (Figues séchées ayant subi un processus de déshydratation naturel, sans additifs ou conservateurs). Un en-cas sain, alliant la douceur des figues à la chaleur des retrouvailles familiales lors de sa préparation, habool est un symbole du patrimoine culinaire local. Les familles préservent les méthodes ancestrales de sa confection, transmises de génération en génération
Une tradition culinaire et sociale qui rassemble la famille
La préparation de « Habool » commence à Masyaf dès l’été, lorsque les figues mûrissent et sont séchées sur des surfaces propres sous le soleil du mois d’août, pour devenir ce qu’on appelle les « figues pelées ». Ensuite débute l’étape du « tehbile », où les figues sont placées au-dessus d’une eau bouillante dans une passoire, recouvertes d’un tissu propre afin qu’elles soient exposées à la vapeur et acquièrent une texture tendre particulière. C’est de cette étape que le plat tire son nom, comme l’explique Fadia Hammoud, l’une des femmes travaillant dans la fabrication de Habool.
Hammoud souligne que ce processus n’est pas seulement culinaire, mais qu’il revêt aussi une dimension sociale : « Toute la famille se réunit pour participer, chacun ayant un rôle bien défini dans une ambiance pleine de joie et de coopération », a-t-elle fait savoir.
Évolution des outils de préparation
Mahmoud Chaer, l’un des habitants de Masyaf qui ont sauvegardé l’industrie de ce produit, explique que les moyens de préparation ont évolué avec le temps. Il déclare : « Autrefois, nous broyions les figues manuellement à l’aide d’un pilon. Les figues séchées, après avoir été exposées à la vapeur, étaient placées dans un tissu et pilées jusqu’à obtenir une pâte semblable à la pâte de dattes. Aujourd’hui, nous utilisons des moulins électriques pour faciliter le processus. »
Et Chaer de poursuivre : après le broyage, on obtient une pâte tendre. Autrefois, elle était décorée avec les pelures extraites du boulghour lors de sa mouture. Aujourd’hui, certains y ajoutent des noix ou des amandes, et la garnissent de sésame ou de noix de coco pour lui donner une saveur moderne et une présentation plus raffinée
Mahmoud affirme que le Habool est servi comme une douceur traditionnelle sur les tables d’accueil rurales, notamment lors des célébrations hivernales.
Une nourriture sans conservateur
De son côté, Abir Mohammad, passionnée par le patrimoine populaire dans la région rurale de Hama, souligne la valeur nutritionnelle de Habool, déclarant :
« La figue est riche en sucres, en minéraux et en fibres. Lorsqu’elle est exposée à la vapeur, elle conserve tous ses éléments naturels sans aucun conservateur ni substance chimique. C’est pourquoi le Habool est considéré comme un aliment sain qui donne au corps énergie et chaleur durant l’hiver. »
Elle ajoute : Cet aliment n’est pas simplement une nourriture, mais fait partie intégrante du mode de vie dans cette région.
Il est préparé à la maison par les femmes et servi avec du yaourt, du beurre ou de la tahini, racontant ainsi l’histoire de la terre, du soleil et du travail collectif.
Le plat de Habool est apparu avec l’essor de la culture du figuier dans la région, lorsque les habitants cherchaient à tirer parti de la récolte de figues en les séchant et les transformant en un produit pouvant être conservé pour la saison hivernale.

W.H./R.B.