Damas-SANA/ Le chef de la mission du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en Syrie, Gonzalo Vargas Llosa, a déclaré que le nombre des réfugiés rentrés en Syrie depuis la chute de l’ancien régime a atteint un demi-million, saluant la décision américaine de lever les sanctions imposées à la Syrie.
Dans un entretien exclusif accordé à SANA, M. Vargas Llosa a ajouté que la chute du régime d’Assad constituait une occasion historique de résoudre la crise des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur du pays qui a des conséquences douloureuses depuis plus de 14 ans. Il a exprimé la volonté des réfugiés de rentrer chez eux, soulignant que la principale raison de leur déplacement ayant disparu : la peur du régime d’al-Assad et de ses pratiques répressives telles que les arrestations, la torture et la conscription forcée.
Il a déclaré que la plupart des rapatriés venaient de Jordanie, du Liban, de Turquie, d’Irak et d’Égypte.
Vargas Llosa a rappelé que le HCR demandait la levée des sanctions contre la Syrie depuis le 8 décembre et que l’annonce faite il y a deux jours par le président américain Donald Trump de les lever pourrait, surtout si elle était mise en œuvre rapidement, avoir un impact positif significatif sur le soutien au retour volontaire durable et à grande échelle de millions de réfugiés et de déplacés internes syriens qui ont longtemps souffert en exil.
Il a souligné que le principal défi au retour des réfugiés est actuellement la situation économique, compte tenu des destructions massives subies dans tous les secteurs au cours des 14 dernières années.
Programmes du HCR en faveur des rapatriés
Le chef de mission a souligné que les infrastructures syriennes ont été gravement endommagées et que le HCR s’efforce de jouer son rôle en fournissant un soutien essentiel, notamment aux réfugiés et aux déplacés internes de retour, en coopération avec les agences des Nations Unies et les ONG. Il a expliqué que cette assistance comprend une aide au transport pour les réfugiés et les déplacés internes les plus vulnérables, dont beaucoup, notamment en Jordanie et au Liban, souhaitent rentrer mais n’ont même pas les moyens de payer le ticket de bus.
Il a ajouté que l’aide comprend des programmes à petite échelle visant à réparer des parties des maisons endommagées, compte tenu du manque de ressources financières pour une reconstruction complète. Un nouveau programme prévoit également de fournir de modestes subventions en espèces aux rapatriés afin de couvrir leurs besoins essentiels pendant les premiers mois de leur retour, ainsi qu’un soutien juridique pour l’obtention de documents officiels, un élément crucial pour la sécurité et l’accès aux services, car ces documents permettent aux rapatriés de prouver leur identité et d’accéder aux services essentiels.
Vargas Llosa a souligné que l’action du HCR à elle seule ne suffit pas. La levée des sanctions, le lancement de projets d’investissement à grande échelle et la mise en place d’un environnement juridique permettant au secteur privé d’opérer en Syrie garantissent le retour et la stabilité de millions de réfugiés et de déplacés internes. Il a précisé que ces mesures dépassent le mandat du HCR et que les donateurs, les institutions financières et les gouvernements doivent accélérer leurs contributions en ce sens.
Relations du HCR avec le gouvernement syrien et rôle de la communauté internationale
Vargas Llosa a affirmé que les relations avec le gouvernement syrien actuel avaient connu une évolution positive et que la coopération se déroulait très bien, avec de nombreuses réunions bilatérales, notamment avec les gouverneurs de tout le pays, visant à répondre aux besoins urgents des groupes les plus vulnérables. Il a souligné la volonté des Nations Unies d’aider le gouvernement à développer ses capacités institutionnelles, en s’appuyant sur son expertise internationale. Il a mis l’accent sur le rôle essentiel de la communauté internationale dans le soutien des efforts du gouvernement syrien pour bâtir une société solidaire et inclusive.
Il a affirmé que le processus politique et la réintégration sociale ne peuvent réussir dans un contexte de détérioration économique. Plus les investissements et les efforts de reconstruction augmentent, et plus les opportunités d’emploi sont créées, plus la société devient forte et solidaire. Risques liés aux mines terrestres et déclin des financements internationaux.
Le chef de la mission a averti que les munitions non explosées et les mines terrestres comptent parmi les principaux obstacles au retour des réfugiés et des déplacés internes. Il a souligné la nécessité pour la communauté internationale, en coopération avec les autorités syriennes, de réaliser des progrès tangibles dans ce domaine, car des Syriens sont tués ou blessés chaque jour en raison de ces dangers.
Concernant le travail de la mission en Syrie, Vargas Llosa a déclaré que de nombreuses restrictions imposées par le régime d’Assad avaient désormais été levées et qu’une amélioration relative avait été constatée. Le HCR fournit des abris et répare certaines maisons. Cependant, la forte baisse des financements des donateurs cette année obligera le HCR à fermer 44 % de ses 122 centres communautaires et à réduire ses effectifs d’environ 30 %. Il a noté que les agences des Nations Unies et les ONG sont confrontées aux mêmes conditions, ce qui signifie que moins de Syriens pourraient recevoir de l’aide humanitaire en 2025. Il a également averti que la baisse du soutien international aurait des effets dévastateurs sur la vie des Syriens, comme le constate le personnel du HCR.
R.S/R.Bittar