Damas/ Le président Bachar al-Assad a affirmé l’importance du 2ème round des consultations inter-syriennes prévues en avril prochain à Moscou, dans le règlement politique de la crise en Syrie.
C’était dans une interview qu’il a accordée à plusieurs médias russes, à savoir : le journal Rossiyskaya Gazeta, l’agence Tass, l’agence Rossiya Segodnya, la radio Sputnik, la chaîne Zvezda, la Chaîne RT Arabic et l’Agence Sputnik.
Le président al-Assad a souligné la nécessité que le dialogue soit inter-syrien et loin de toute influence extérieure sur les participants au dialogue.
Le président al-Assad a indiqué que le problème réside dans le fait que plusieurs parties qui participeront au dialogue sont soutenues par des pays occidentaux et régionaux qui influent sur leur décision, assurant que les parties qui prendront part au dialogue doivent être indépendantes et reflètent ce que le peuple syrien veut.
Et le président al-Assad de poursuivre : “Le succès des initiatives portant sur le règlement de la crise en Syrie implique la non-ingérence d’autres pays”, faisant noter que le rôle russe réside dans la facilitation du processus de dialogue inter-syrien et n’impose aucune idée aux participants au dialogue. “De cette façon, le dialogue réalisera des résultats positifs pour la stabilité en Syrie”, a-t-il précisé.
Répondant à une question sur l’initiative de l’émissaire onusien pour la Syrie, Staffan de Mistura, pour le gel des combats à Alep, le président al-Assad a insisté sur l’importance de l’initiative, disant : “L’initiative est bonne, vu qu’elle traite avec la réalité sur le terrain d’une manière similaire aux réconciliations qui ont lieu en Syrie, mais elle s’appuie sur nombre de parties, dont en premier lieu l’État, et les terroristes qui se déploient dans de différents quartiers à Alep et qui sont soutenus directement par la Turquie, c’est pourquoi ils ont catégoriquement refusé l’initiative et confirmé ce refus en bombardant les civils dans la ville d’Alep et en faisant beaucoup de martyrs parmi eux”.
” Les opportunités de succès de l’initiative de De Misura sont énormes en cas de l’arrêt de l’intervention par la Turquie et d’autres pays qui financent les hommes armés”, a fait allusion le président al-Assad.
Quant à sa vision future sur les résultats des réconciliations nationales que ce soit dans la banlieue de Damas ou dans les autres gouvernorats, le président al-Assad a indiqué que les réconciliations nationales avaient réalisé de grands succès et contribué à l’amélioration de la situation sécuritaire de nombreux citoyens syriens dans de différentes zones, faisant allusion à cet effet au règlement politique qui prend beaucoup de temps et peut être lent, ainsi qu’à la lutte contre le terrorisme.
Questionné sur les moyens d’instaurer la paix en Syrie et d’offrir à tous les Syriens l’opportunité de se réconcilier, le président al-Assad a assuré que le règlement de la crise en Syrie n’est point impossible, si les Syriens se mettent à la table du dialogue, soulignant dans ce sens le succès des réconciliations nationales loin de l’ingérence étrangère. “Pour que les Syriens réussissent, il faut mettre fin à l’ingérence étrangère et au soutien des terroristes en armes par la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar et certains pays européens”, a-t-il ajouté.
A la question de savoir comment on peut mettre fin aux tentatives d’enraciner un conflit confessionnel et ethnique en Syrie, le président al-Assad a souligné la nécessité que l’État dispose d’une prestation de pré-crise pour préserver l’unité de la patrie, la liberté de religion et la liberté de croyance, affirmant que tout cela se trouve en Syrie et avait constitué l’un des facteurs de la fermeté de la société syrienne face à l’offensive.
“Les titres utilisés au début de la crise en Syrie par l’information extérieure, ainsi que par les terroristes, étaient de partition. Certaines personnes en Syrie y ont cru au début, mais l’État en recourant au dialogue et aux différents moyens de sensibilisation a pu dépasser cette question. Lesdites personnes ont découvert ensuite que la question n’a rien à voir avec les confessions ni aux religions, c’est un terrorisme soutenu par des parties extérieures”, a-t-il fait savoir.
A propos de ce qui est demandé actuellement de la Syrie pour que l’Occident cesse de militariser l’opposition syrienne et engage un règlement politique, le président al-Assad a dit : “L’Occident veut que nous devenions une marionnette. Je ne suis pas persuadé que l’Occident dispose d’un règlement politique, il ne le désire guère. Il voit que le règlement politique réside dans le renversement d’un État et de le remplacer par un autre agent, comme c’était le cas en Ukraine”.
De même, le président al-Assad a fait noter que l’Occident avait exercé des pressions sur l’État syrien pour qu’elle renonce à ses droits à ses territoires occupés par Israël, pour l’obliger à ne pas se tenir aux côtés de la résistance au Liban ou en Palestine et pour s’écarter de l’Iran, assurant que cet Occident voulait que l’État syrien soit un État exécutant ses plans dans la région.
Par ailleurs, le président al-Assad a répondu à une autre question sur les récentes tentatives des Etats-Unis d’engager une négociation avec les autorités syriennes, en disant : ” En dépit des déclarations américaines, nous ne voyons aucun changement réel dans les politiques américaines. Il n’y a pas de dialogue direct entre nous et les Américains, il y a des idées transmises par un 3ème pays, mais ne constituent point un dialogue sérieux. Ce que les Etats-Unis demandent actuellement, c’est le désir de renverser l’État syrien et de le remplacer par une marionnette”.
Questionné sur l’efficacité des raids menés par la Coalition internationale sur les positions de Daech, le président al-Assad a indiqué les pays participant à la Coalition, qui mène un peu plus de 10 raids par jour sur les positions de Daech en Syrie et en Irak, ne veulent pas s’en débarrasser complètement, en vue de l’utiliser pour menacer de différents pays.
“En plus, comment une Coalition anti-terroriste se composerait des pays qui sont les mêmes qui soutiennent le terrorisme ?”, s’est interrogé le président al-Assad.
Concernant la prise pour cible des positions de l’armée arabe syrienne par les raids de la Coalition, le président al-Assad a assuré que les positions de l’armée n’avaient a été bombardées, mais ce sont les infrastructures que possède le peuple syrien, disant : ” Les résultats étaient mauvais pour nous en tant que peuple et État”.
A la question de savoir qu’est ce que l’État syrien fait pour expliquer aux jeunes que l’Islam est la religion de la paix, le président al-Assad a fait savoir que les institutions religieuses avaient joué un grand rôle à cet égard en Syrie par le biais du développement des méthodes religieuses et de la formation des Imams disposant de la vraie idéologie islamique, celle modérée.
Quant à la transformation du point de ravitaillement et de maintenance de la flotte guerrière russe à Tartous en une base militaire maritime pour la Russie, et à la conclusion dans les années à venir de nouveaux contrats entre Moscou et Damas dans le domaine militaire, le président al-Assad a insisté sur l’importance de la présence russe dans de différentes zones dans le monde, dont le Moyen-Orient et le port de Tartous, pour créer une sorte d’équilibre que le monde avait manqué après l’effondrement de l’Union Soviétique il y a 20 ans, affirmant que la Syrie accueille favorablement toute extension de la présence russe au Moyen-Orient en raison du rôle important de la Russie dans la stabilité du monde.
Et le président al-Assad de poursuivre : “La coopération militaire entre la Russie et la Syrie remonte à 6 décennies et rien n’a changé à cet égard durant la crise actuelle”.
A propos de la conjoncture humanitaire catastrophique en Syrie durant la crise et des attaques terroristes contre les minorités ethniques et religieuses, le président al-Assad a répondu que les terroristes n’avaient pas uniquement attaqué les minorités, mais toutes les composantes de la société syrienne.
Quant au nombre de déplacés qui ont pris la fuite de Daech et d’autres réseaux terroristes, le président al-Assad a indiqué qu’il n’y a pas de statistiques précises à cet égard, assurant que ce nombre en Syrie et ailleurs ne dépasse pas quelques millions.
Il a souligné que les médias extérieurs exagèrent beaucoup dans le nombre de déplacés dans le but de l’utiliser comme prétexte afin d’intervenir militairement en Syrie sous un titre humanitaire, faisant allusion aux centres d’accueil provisoire consacrés aux déplacés en attendant la purification de leurs zones des terroristes en vue de les regagner.
A la question de savoir quelle est la position de la Syrie de la tenue du sommet arabe sans la Syrie, le président al-Assad a indiqué que les sommets arabes n’avaient rien réalisé sur la scène arabe en raison des relations inter-arabes.
Évoquant les relations avec l’Égypte, le président al-Assad a dit que l’Égypte avait souffert du terrorisme d’une manière différente de ce que la Syrie avait subi, soulignant qu’on ne peut pas parler d’une vraie relation bilatérale sans la tenue d’une rencontre directe entre les institutions politiques concernées dans les deux pays.
Questionné sur sa vision sur l’avenir politique et militaire en Syrie après les rencontres avec de différentes délégations parlementaires et politiques étrangères, le président al-Assad a affirmé que la visite récente de certaines délégations en Syrie reflète l’incrédibilité de la campagne médiatique en Occident envers ce qui se passe dans la région, indiquant que les délégations viennent en Syrie pour y prendre connaissance de la situation.
A propos des tentatives occidentales de renverser l’État en Syrie avant la crise, le président al-Assad a affirmé que ces tentatives n’avaient pas cessé durant plus de 50 ans, mais elles étaient vouées à l’échec. “L’Occident a aussi tenté d’affaiblir l’État de l’intérieur par le biais d’un embargo qui y est imposé depuis des décennies”, a conclu le président al-Assad.
A. Chatta